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et suis-moi à la cour du lion où tu vivras honoré de tous et où rien ne te manquera.

L’âne, ne soupçonnant aucune perfidie dans les paroles de celui qu’il croyait son ami, consentit à sa proposition avec une véritable joie, et le suivit sans témoigner la moindre défiance. Arrivé près de l’antre du roi lion, le ministre de celui-ci dit à l’âne de s’arrêter quelques momens, jusqu’à ce qu’il eût averti son maître de son arrivée.

Peu de temps après, le lion parut et s’avança à grands pas vers l’âne pour se jeter sur lui et le dévorer. Ce dernier s’aperçut aussitôt à l’allure et aux mouvemens convulsifs du lion, du danger qui le menaçait ; mais comme il était jeune et agile, il trouva son salut dans une prompte fuite ; et le lion malade, se voyant hors d’état de l’atteindre, retourna à son antre, fort triste d’avoir manqué sa proie.

Sur ces entrefaites, un renard qui vivait dans le voisinage, instruit de l’état du lion et du désir qu’il avait de se nourrir du cœur et des oreilles d’un âne, dans l’espérance de trouver dans ce remède la guérison de sa maladie, et informé en même temps du tour qu’avait déjà joué au lion malade l’âne dont on vient de parler, se présenta devant le lion et lui dit qu’il se char-