Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maladie de langueur causée par la vive douleur que lui avait occasionnée sa longue absence ; elle ajouta qu’il n’y avait qu’un seul remède qui pût la guérir, c’était de dévorer le foie d’un singe, qui passait, disait-elle, pour un spécifique assuré contre l’espèce de maladie dont elle était atteinte : elle le conjura donc de se procurer de quelque manière que ce fût un singe, et s’il ne pouvait pas s’en procurer d’autre, de lui amener Sandjivaca, afin qu’elle pût lui dévorer le foie et recouvrer la santé.

La demande de sa femme jeta Tantra-Tchaca dans le plus cruel embarras, il ne pouvait se décider à trahir les devoirs de l’amitié jusqu’au point de devenir lui-même l’assassin d’un ami qui avait jusqu’alors mis en lui une confiance sans bornes, et qui lui avait rendu service ; d’autre côté, ne soupçonnant aucune supercherie de sa femme, il la croyait réellement en danger, et persuadé, d’après ce qu’elle avait dit, que le seul moyen de la guérir était de lui amener son ami Sandjivaca pour qu’elle pût se rassasier de son foie, il éprouvait au dedans de lui-même un combat cruel entre les sentimens de l’amitié et ceux de la tendresse qu’il avait pour sa femme. Longtemps il hésita sans pouvoir se décider ni prendre un parti. À la fin il se détermina à accéder