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ressentait en revoyant son mari qu’elle avait cru perdu, lui fit les plus vifs reproches sur sa longue absence et lui dit que l’excès de la douleur qu’elle avait éprouvée par la crainte de l’avoir perdu pour toujours, avait manqué de la faire mourir. Tantra-Tchaca tâcha de l’apaiser et de la consoler, et chercha à s’excuser de sa longue absence en disant qu’il avait trouvé tant de charmes dans la société de Sandjivaca son ami, que le temps s’était écoulé en sa compagnie sans qu’il s’en aperçût ; en même temps il lui donna les fruits qu’il avait apportés et lui dit de les goûter. Lorsque Cantaca-Prapty eut goûté ces fruits, ils lui parurent si délicieux et si supérieurs à tous les genres de nourriture qu’on pouvait se procurer dans les eaux de la mer, qu’elle se douta bien que son mari, accoutumé à cette espèce d’alimens, serait bientôt dégoûté de tous les autres et voudrait retourner auprès de son ami le singe, qui, monté sur l’arbre attymara, lui fournissait de-là une nourriture si délicieuse. La perspective que son mari la laisserait bientôt pour retourner auprès de Sandjivaca, la détermina à tâcher d’inventer quelque ruse pour perdre ce dernier. Dans ce dessein, elle feignit d’être en effet dangereusement malade, et dit à son mari qu’elle était atteinte d’une