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Vivant ainsi dans le voisinage l’un de l’autre, le singe Sandjivaca et le crocodile Tantra-Tchaca contractèrent peu-à-peu la plus intime amitié. Le singe témoignait son attachement à son compagnon en lui choisissant les meilleurs fruits qu’il pouvait trouver sur l’arbre, et en les lui jetant pour qu’il s’en rassasiât.

Pendant que ces deux amis coulaient des jours tranquilles, vivant ensemble dans l’abondance et dans la plus douce union, et que le singe se consolait de ses malheurs passés, par la pensée qu’il avait trouvé dans cette solitude un compagnon fidèle dans la société duquel il se flattait de pouvoir vivre désormais sans crainte et sans inquiétude, Cantaca-Prapty, la femelle de ce crocodile, voyant que son mari restait si long-temps absent, craignit qu’il ne lui fut arrivé quelque accident funeste, et cette pensée l’agitait des plus vives inquiétudes.

Au milieu des alarmes qu’elle éprouvait à ce sujet, un jour elle appela une autre crocodile de ses amies nommée Goupta-Gamani, qui vivait dans le voisinage, et lui communiqua le sujet de sa douleur : Voilà déjà long-temps, lui dit-elle, que mon mari m’a quittée sans que j’aie pu apprendre de lui aucune nouvelle. La pensée d’une si longue absence ne me laisse