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parvint enfin au bord de la mer, et ayant trouvé sur le rivage un gros attymara[1], qui était surchargé de fruits, il voulut établir son domicile dans ce lieu solitaire, où il pourrait trouver sans peine sa subsistance, et où il espérait pouvoir vivre tranquille le reste de ses jours.

Il vivait ainsi depuis quelque temps, se nourrissant des fruits que cet arbre ne cessait de produire et qui lui paraissaient excellens. Un jour qu’il était assis sur une des branches les plus avancées sur l’eau de la mer, il laissa tomber quelques-uns des fruits dont il se rassasiait. Un crocodile qui se trouvait près de-là, attiré par le bruit que faisaient ces fruits en tombant sur la surface de l’eau, s’approcha et voulut les goûter. Les ayant trouvés bons, il regarda sous l’arbre, et comme il vit que la terre en était couverte, il descendit sur le rivage pour s’en rassasier.

Tantra-Tchaca (c’était le nom du crocodile), trouvant de quoi vivre abondamment, et sans peine sous cet attymara, fixa sa demeure dans ce lieu, oublia tout autre soin, ne pensa plus à sa famille ni à sa parenté, et ne songea qu’à se bien nourrir dans l’endroit où il se trouvait.

  1. Gros arbre ainsi appelé, qui produit des fruits de la forme de nos figues, mais d’un goût fort inférieur.