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LE ROI, LE DIEU DEVINDRA, ETC.

lui donner en place, pour assouvir la faim qui le pressait, un morceau de sa propre chair du poids de la colombe.

Le roi, plutôt que de trahir les devoirs de l’hospitalité en livrant l’animal qui s’était mis sous sa protection, consentit à la dernière demande du faucon, et plaçant la colombe dans un des côtés d’une balance, il prit un couteau et se coupa un morceau de chair qu’il mit dans l’autre côté. Voyant que celui-là ne suffisait pas, il se coupa un second, puis un troisième et un quatrième morceau de chair ; mais s’apercevant que la balance penchait toujours du côté opposé dans lequel était la colombe, il se mit lui-même dans la balance, et dit au faucon qu’il n’avait qu’à le dévorer tout entier et laisser aller la colombe libre.

Devindra, saisi d’admiration à la vue d’un dévouement si héroïque, quitta aussitôt la forme de faucon, qu’il avait prise exprès pour avoir une occasion d’éprouver lui-même si ce que la renommée rapportait du roi était vrai, et reprenant sa vraie forme de Dieu, il se fit connaître pour ce qu’il était réellement, combla le prince d’éloges, et disparut après lui avoir accordé des faveurs particulières.

Lorsque le hibou Dakchakcha eut fini son