Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
ET LA COLOMBE.

changea soudainement de forme et prit celle d’un faucon. La colombe, le voyant ainsi métamorphosé, fut saisie de frayeur, se sauva à tire d’aile, et alla se réfugier sous la protection du roi Tchita-Tchacra-Varty. Le faucon ou Devindra, sous cette forme, la poursuivit, et arriva presque aussitôt qu’elle au palais du roi. Aussitôt qu’il s’y fût rendu, ayant su que le prince avait pris la colombe sous sa protection et lui avait donné asile, il exigea qu’elle lui fût livrée pour en faire sa proie, prétendant qu’il était à sa poursuite et qu’elle lui appartenait de droit.

Le roi refusa d’accéder à une demande qui lui paraissait injuste ; il disait, pour justifier son refus, que la colombe ayant cherché un asile chez lui, et s’étant mise sous sa protection, il se croirait déshonoré s’il la livrait à son ennemi. Le faucon insista ; mais le roi demeura ferme dans son refus, soutenant que, dans aucun cas, les personnes vertueuses ne pouvaient se résoudre à livrer à des ennemis ceux qui se réfugiaient sous leur protection.

Le faucon, voyant que le roi demeurait ferme dans sa résolution, changea l’objet de sa demande, et dit au prince que puisqu’il sentait tant de répugnance à livrer l’oiseau auquel il avait fourni un asile, il serait satisfait s’il consentait à