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LE JARDINIER ET LES SINGES.

à son jardin et alla se coucher à la renverse tout de son long, au milieu de ses plantes, étendant d’un côté la main pleine de riz et tenant le bâton de l’autre, prêt à assommer le premier singe qui s’approcherait pour manger le riz ; il restait immobile dans cette posture, contrefaisant le mort. Lorsque les singes se rendirent au jardin pour y commettre leurs dégâts ordinaires, ils aperçurent ce brahme étendu, immobile et qui paraissait mort, et s’approchèrent de lui ; mais lorsqu’ils virent ce prétendu mort une main pleine de riz, et l’autre armée d’un gros bâton : Qu’est-ce donc ? se dirent-ils, un mort est-il armé de la sorte ? défions-nous. Ceci n’est qu’une ruse pour nous attraper. Et dès ce jour ils devinrent encore plus attentifs et plus circonspects qu’ils ne l’avaient été jusqu’alors.

Ces singes, ajouta le hibou, échappèrent par leur sagacité et leur prudence aux dangers dont ils étaient menacés. Imitons-les, agissons avec la plus grande circonspection, et avant d’admettre parmi nous le corbeau Stirandjivy, tâchons de nous assurer de ses intentions.

À toutes ces observations, le hibou Dakchakcha répondit : La première vertu est de rendre service aux autres. L’histoire nous apprend que