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ET LA VACHE MAIGRE.

tandis qu’elle-même se voyait sans ressource et réduite à la plus affreuse misère.

La vache grasse lui fit part du moyen qu’elle employait pour se maintenir dans l’état de santé et de force dont elle jouissait : ce moyen consistait à parcourir sans gardien les champs voisins, et à y paître son soûl parmi les meilleures plantes : Si tu veux t’associer à moi, ajouta-t-elle, je te conduirai dans les meilleurs pâturages du voisinage, et dans peu de temps tu pourras devenir aussi grasse que moi.

La vache maigre accepta avec joie la proposition de la vache grasse, et un jour qu’elles paissaient ensemble au milieu des plantes dans le champ d’un laboureur, le propriétaire les ayant aperçues, courut sur elles pour les chasser : dès qu’elles le virent venir, elles prirent la fuite, et la vache grasse, qui était vigoureuse et alerte, eut bientôt disparu ; tandis que la vache maigre, pouvant à peine se soutenir, tomba bientôt au pouvoir de celui qui la poursuivait. Lorsque ce dernier l’eut atteinte, il l’assomma presque de coups et la conduisit ensuite auprès du maître, à qui il fit de vifs reproches, lui recommandant en même temps de prendre les précautions nécessaires pour empêcher sa vache d’aller dans la suite faire du dégât dans les champs voisins,