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LES HIBOUX

lui, et lui demanda quel était le sujet de son affliction.

Hélas ! répondit le corbeau en versant des larmes, j’ai été si maltraité par mes compagnons, que j’ai manqué de perdre la vie. Si vous voulez savoir le sujet de ces mauvais traitemens, je vous le rapporterai avec franchise : Voyant l’inimitié qui subsistait entre votre race et la nôtre, et les dangers dont vous ne cessiez de nous menacer, j’ai osé conseiller à notre chef de faire la paix avec vous en se soumettant sans réserve à votre domination puissante, et en vivant aux conditions qu’il vous plairait de lui prescrire.

Alors il s’est mis dans une violente colère, s’est jeté sur moi avec tous les siens, et ils m’ont donné tant de coups de bec que j’en ai le corps tout meurtri. Après m’avoir ainsi maltraité, ils m’ont chassé du milieu d’eux et se sont tous retirés ailleurs, je ne sais où, me laissant dans la situation déplorable où vous me voyez réduit. Maintenant que je suis sans ressource, bien résolu de ne plus approcher jamais d’un maître aussi cruel que celui que j’ai servi jusqu’à présent, j’implore votre compassion ; daignez, seigneur hibou ! je vous en supplie instamment, daignez avoir pitié de moi ; si vous consentez à me prendre sous votre puissante