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LES HIBOUX

leur disgrace ; et quoique beaucoup plus faibles que ces astres, ils ne laissent pas de les tourmenter et de leur faire ressentir assez fréquemment les effets de leur haine en obscurcissant leur éclat par les éclipses qu’ils occasionnent.

Nous voyons par cet exemple, dit le ministre du corbeau en finissant, que lorsque l’on se trouve engagé avec un ennemi, quelle que soit sa puissance, il fout lui tenir tête jusqu’à la dernière extrémité, et par tous les moyens qu’on a en son pouvoir s’efforcer de se venger des maux et des affronts qu’on a reçus de lui.

Lorsque ce second ministre eut fini de parler, le ministre Stirandjivy prenant la parole à son tour, exposa ainsi son avis : Il me paraît, dit-il, que celui qui a parlé le premier et qui nous a conseillé de préférer une prompte fuite au danger de vivre exposés à de continuelles alarmes dans le voisinage des hiboux nos ennemis, nous a proposé la pire des extrémités auxquelles nous puissions nous voir réduits. Avant donc d’en venir là, il faut tâcher d’inventer quelque moyen de perdre tout d’un coup la race entière de nos adversaires ; et si nous ne pouvons venir à bout de ce dessein par la force ouverte, il faut faire en sorte de l’exécuter par la ruse.