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LES DEUX LAPINS

par ses vols. Un jour, ce chat étant entré à la dérobée dans la maison d’un berger, y découvrit un pot de terre rempli de lait caillé, dans lequel il mit la tête et mangea tout ce qui y était contenu. Mais comme l’orifice du pot était étroit, il ne put se dégager et le vase resta suspendu à son cou. Sur ces entrefaites, le maître de la maison entra, et le chat, épouvanté par le bruit, prit aussitôt la fuite et se retira dans un temple voisin, ayant toujours la tête dans le pot. Il se plaça dans un coin du temple, où il restait immobile et vivait dans les plus vives alarmes.

Dans cet intervalle, les deux lapins plaideurs vinrent à ce même temple, et ne furent pas peu surpris d’y trouver ce chat avec la tête dans un pot ; ils le considérèrent quelque temps avec méfiance et n’osaient s’approcher de lui. Cependant, lorsqu’ils virent qu’il restait toujours immobile à la même place, ils s’imaginèrent qu’il avait embrassé l’état de sanniassy, et qu’il avait introduit sa tête exprès dans le pot suspendu à son cou, afin d’augmenter par là la rigueur de sa pénitence.

Dans cette persuasion, les deux lapins s’approchèrent de lui et désirèrent le prendre pour arbitre de leur différent, s’imaginant ne