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LES HIBOUX

de conduite ; ils ne doivent pas se fier trop aveuglément à ceux qui sont plus forts qu’eux. S’ils ont à craindre les attaques de quelque ennemi plus puissant qu’eux, qu’ils cherchent à s’en garantir en contractant alliance avec quelque autre plus puissant encore que celui dont ils redoutent le pouvoir. Quand les faibles se trouvent engagés dans des querelles avec les forts, ils doivent tâcher d’engager les autres dans leur parti, afin de pouvoir, par leur secours, triompher de leurs ennemis.

Mais nous, continua-t-il, qui dans le danger qui nous menace sommes évidemment les plus faibles, et qui n’avons aucun secours, aucun appui à attendre d’ailleurs, le parti le plus sûr que nous ayons à prendre, est d’éviter la rencontre du hibou et de fuir loin de sa présence.

Lorsque Santipty eut ainsi exposé son avis, Stirandjivy, le troisième ministre, prit la parole à son tour : Ce n’est pas d’aujourd’hui, dit-il, que la haine qui subsiste entre la race des hiboux et celle des corbeaux a commencé. Cette aversion mutuelle a existé de tout temps, et nous devons nous attendre qu’à mesure que nos ennemis croîtront en puissance, leur haine contre nous croîtra en égale proportion. Pour mettre un terme à ces dangers toujours renaissans,