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LES HIBOUX

le monde aucun être qui l’égalât en force et en puissance. Dans cette idée, il appelle ses trois ministres, leur fait un pompeux étalage de sa prétendue gloire, leur déclare qu’il a formé le dessein de se faire élire roi, et leur ordonne de faire tous les préparatifs nécessaires pour cette importante cérémonie. Ses ministres ne jugèrent pas à propos de le contredire, au contraire tous parurent approuver ses projets.

Le chef des corbeaux ne tarda pas à être informé du dessein de son voisin le hibou, et comprit sur-le-champ tous les dangers qui le menaçaient si ce dernier parvenait à la royauté. Rempli de trouble et de crainte, il appelle ses trois ministres, leur communique les projets du hibou, l’ennemi irréconciliable de leur race, et leur fait part en même temps de la consternation dans laquelle le jette la crainte d’un pareil événement : Si le hibou, notre ennemi déclaré, disait-il, parvient une fois à la dignité royale, c’en est fait de notre espèce : dans peu de temps il nous fera tous exterminer. Au milieu du trouble que cette fâcheuse nouvelle a répandu dans mon esprit, je vous ai appelés, continua-t-il, pour savoir si vous pourriez découvrir quelque moyen de détourner le danger qui nous menace tous.