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Le corbeau Véga-Varma, qui avait été témoin du service important que le rat Yranniah-Varma venait de rendre aux colombes, désira contracter amitié avec lui, espérant avoir en lui un allié utile dans l’occasion. Dans cette intention, il lui fit part du vif désir qu’il éprouvait de former avec lui une alliance sincère et durable ; mais le rat répondit qu’ils étaient d’une espèce trop différente, l’un étant enfant des airs, et l’autre enfant de la terre, et qu’il n’apercevait pas de moyen d’unir d’une véritable amitié deux êtres entre lesquels la nature avait mis une si grande distance.

Le corbeau insista : Lorsqu’il s’agit d’intérêt et d’amitié, disait-il, nous ne devons consulter que notre inclination et nos avantages, sans avoir égard à la différence de condition ou à la distance qui nous sépare les uns des autres. Le rat se rendit enfin aux instances du corbeau, et ils se promirent tous deux une amitié sincère et réciproque.

Après s’être unis ainsi, un jour qu’ils faisaient route ensemble, ils rencontrèrent par hasard une gazelle ; ils l’arrêtèrent et lui demandèrent son nom et le but de son voyage. La gazelle leur répondit qu’elle se nommait Tchitranga, leur raconta toute l’histoire de sa vie, et lorsqu’elle