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ET LE BRAHME.

et prévenez pendant qu’il en est temps encore le dessein perfide qu’a formé de vous empoisonner, le brahme qui vit auprès de vous, et que ne peuvent retenir, ni la confiance sans bornes que vous lui avez accordée, ni les bienfaits dont vous l’avez comblé.

À ce récit des renards, le tigre témoigna le plus grand étonnement ; il ne pouvait ajouter foi à leur rapport, et avant de se livrer à son ressentiment, il résolut de dissimuler et d’attendre encore deux jours pour voir si l’événement justifierait leur dénonciation.

Dans cet intervalle, les renards se rendirent auprès du brahme, lui annoncèrent que leur maître désirait ardemment partager son repas, au moins une fois, et goûter aux mets dont il se nourrissait lui-même, ajoutant qu’ils étaient venus de sa part pour l’engager à lui préparer un repas de sa façon pour le lendemain.

Le brahme, ne se doutant de rien, accéda, sans la moindre difficulté, aux prétendus désirs du tigre, et s’étant aussitôt procuré diverses sortes d’herbages, de racines et de légumes, il en fit plusieurs mets, qu’il eut soin de bien assaisonner selon son propre goût, en y mêlant une grande quantité de poivre, de piment, de moutarde, d’assa fœtida et d’autres épices fortes, afin d’en