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LE TIGRE, LES RENARDS

particulier de chacun des animaux qu’il avait délivrés ; tandis que l’orfèvre l’avait payé de la plus noire ingratitude en lui enlevant toutes ses richesses, en inventant contre lui des calomnies atroces, et en le dénonçant comme chef de voleurs.

Le roi avait entendu l’histoire du brahme avec autant de surprise que d’admiration. Dès que celui-ci eut fini de parler, le roi donna ordre qu’on saisît sur-le-champ l’orfèvre, et qu’on punît d’une peine capitale son ingratitude et ses noires calomnies ; quant au brahme, il lui témoigna une vive douleur de tout ce qui s’était passé, et pour le dédommager des injustices dont il l’avait rendu victime sans le savoir, il lui fit des présens considérables, et lui donna en propriété des terres d’un revenu suffisant pour le faire vivre dans une honnête indépendance le reste de ses jours.

Les renards avaient remarqué avec joie que leur récit avait attiré toute l’attention du tigre : Vous voyez par cet exemple, ajoutèrent-ils, de quoi les hommes sont capables, et qu’il n’est aucun genre de perfidie auquel ils ne soient disposés même envers ceux à qui ils ont les plus grandes obligations. Tenez-vous donc sur vos gardes, nous ne pouvons trop vous le répéter,