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LE BRAHME, LE SERPENT,

d’aller ensuite se purifier de ses fautes passées en se baignant dans les eaux sacrées du Gange.

Il entreprit sans délai ce saint pélerinage. Un jour qu’il traversait un désert affreux, il vint à passer sur le bord d’un puits, dans lequel il aperçut un serpent, un tigre, un aigle et un orfèvre qui y étaient tombés par accident. Ceux-ci n’eurent pas plutôt vu le brahme voyageur, qu’ils implorèrent son secours, et ayant appris de lui qu’il allait en pélerinage à Cassy, ils lui remontrèrent que, puisqu’il allait accomplir une œuvre si méritoire, une bonne action de plus ne pourrait qu’en augmenter le prix, qu’il leur rendrait la vie en les retirant du fond de ce puits : le pélerin refusa d’abord d’accéder à leurs supplications, leur disant qu’ils étaient tous d’un caractère pervers, et qu’il ne pouvait y avoir aucun mérite à obliger des êtres de leur espèce.

Cependant les prisonniers redoublèrent leurs cris et leurs prières : à la fin, le brahme, touché de l’air humble dont ces malheureux l’imploraient, et des souffrances qu’ils avaient à endurer dans cette prison, descendit au fond du puits, et, commençant par les animaux, il les retira l’un après l’autre.

Dès que les animaux furent dehors, ils se prosternèrent devant leur libérateur, le remercièrent