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LE BRAHME, LE SERPENT, ETC.

Le Brahme, le Serpent, le Tigre, l’Aigle et l’Orfèvre.

Dans la ville Yetty-Silahnaghéry vivait le roi Varava-Santa-Raya, qui avait pour ministre un brahme nommé Manohara. Dans le temps que le roi et son fidèle ministre vivaient dans la plus parfaite harmonie, quelques méchans, jaloux du crédit de ce dernier, inventèrent des calomnies atroces contre lui, et le dénoncèrent au roi comme le plus dangereux de ses ennemis. Le prince, ajoutant une foi entière aux faux rapports de ces vils calomniateurs, disgracia aussitôt sans autre examen le plus fidèle de ses serviteurs, lui enleva tout ce qu’il possédait, et le chassa ignominieusement de son royaume.

Ce ministre disgracié, au désespoir de voir que son maître, qui lui avait les plus grandes obligations, se fût laissé séduire par les rapports de l’envie, et l’eût si maltraité sans aucun fondement réel et sans même vouloir entendre sa justification, fut si outré d’un pareil acte d’injustice, qu’il prit aussitôt le parti de renoncer au monde, d’embrasser l’état de sanniassy, et