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LE TIGRE, LES RENARDS, ETC.

étaient à son service, et qui avaient eu coutume jusqu’alors de partager avec lui la chair des victimes qu’il apportait chaque jour, craignaient de mourir de faim.

Ces renards, voyant la négligence de leur maître et sachant aussi que le brahme en était la seule cause, cherchèrent une ruse pour rompre l’intimité qui s’était formée entre l’homme et le tigre. Dans ce dessein, ils appelèrent un jour le tigre à part, comme ayant des secrets importans à lui révéler, et lui dirent d’un air mystérieux qu’ils voyaient avec le plus grand regret qu’il eût accordé une confiance sans bornes à ce brahme, et que s’il ne se tenait pas sur ses gardes il serait bientôt la victime de la perfidie de l’homme qu’il avait comblé de bienfaits : Car, ajoutèrent-ils, nous savons que ce monstre d’ingratitude a formé le projet exécrable de vous empoisonner dans un repas qu’il se propose de vous donner dans deux jours. Soyez donc attentif, dirent-ils, et après un pareil trait de méchanceté, gardez-vous à l’avenir de vous fier à la race humaine ; car les hommes sont de tous les êtres les plus perfides, comme peut vous l’apprendre l’exemple suivant :