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L’OISEAU TITIBA ET LA MER.

cruel l’avait rendu victime, sans aucune provocation de sa part, et supplia le puissant oiseau de vouloir bien intervenir dans cette affaire et obliger la mer à lui rendre sa petite famille.

L’oiseau Garouda, touché de compassion, se rendit incontinent au bord de la mer, et interpellant cet élément, il lui ordonna de rendre sans délai les petits qu’il avait ravis si injustement, le menaçant, s’il refusait, de lui faire sentir toute l’étendue de son pouvoir et tout le poids de son courroux.

La mer ne fit aucun cas des menaces de Garouda et le renvoya avec mépris. Ce dernier rapporta l’affaire à Vichnou ; et le Dieu, sentant que le mépris témoigné à son Garouda retombait sur lui-même, transféra sur lui une partie de sa puissance et lui donna le pouvoir de faire élever sur la mer les plus violentes tempêtes et de l’agiter dans tous les sens, jusqu’à ce qu’il eût obtenu d’elle ce qu’il désirait.

Garouda, revêtu d’un pouvoir si étendu, se rendit de nouveau sur le bord de la mer. Mais celle-ci, informée de son dessein, ainsi que de la puissance terrible qui lui avait été déléguée par Vichnou, s’humilia devant lui, et demanda pardon du passé, le suppliant de ne pas exercer sur elle le pouvoir redoutable dont il était