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ET LA MER.

Le titiba était absent lorsque cet événement déplorable arriva. À son retour, il trouva sa femelle plongée dans une profonde douleur et lui en demanda le sujet. Celle-ci lui apprit sa perte, mêlant à son récit les plus vifs reproches de ce qu’il n’avait pas voulu prévoir l’événement, et écouter les sages avis qu’elle n’avait cessé de lui donner.

Le titiba, accablé de confusion et de douleur, pensa à inventer quelque moyen pour réparer la perte qu’il venait de faire. Il commença par rassembler tous les oiseaux de sa tribu, et accompagné de cette multitude innombrable de titibas, il alla trouver l’oiseau Garouda pour solliciter sa protection et tâcher d’obtenir justice par sa puissante entremise[1].

Garouda, voyant autour de lui cette multitude de titibas, voulut savoir de quoi il s’agissait et quelle était la cause d’un attroupement si extraordinaire. Le titiba, dont la mer avait enlevé les petits, prenant la parole, répondit en lui racontant l’injustice criante dont cet élément

  1. Garouda est un oiseau de proie fort connu dans le pays et très-révéré ; il est consacré à Vichnou, auquel il sert de monture. Lorsque ce Dieu voyage d’un lieu à un autre, il est toujours monté sur le dos de Garouda.