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LE CHIEN SAUVAGE, ETC.

s’approche du chameau, lui témoigne sa surprise de le voir ainsi seul errer dans cette forêt, et lui demande quelle cause l’a conduit dans ce lieu. Le chameau, ne soupçonnant aucun artifice, lui raconta sans déguisement les motifs qui l’avaient porté à s’échapper d’auprès de son maître, se plaignant sur-tout des mauvais traitemens qu’il n’avait cessé de recevoir de lui pour les services sans nombre qu’il lui rendait chaque jour.

Le renard parut approuver la fuite du chameau, et après quelques paroles de consolation : Le lieu que tu as choisi pour ta demeure, lui dit-il, est le domaine d’un lion qui y exerce l’empire : ainsi il convient que tu te rendes auprès de lui pour lui payer le tribut de ton hommage et solliciter la faveur de sa protection.

Pourquoi, répondit le chameau, me conseilles-tu une pareille démarche ? Que peut-il y avoir de commun entre le roi lion et un malheureux tel que moi, abandonné de tout le monde ? Et comment un misérable de mon espèce oserait-il se présenter devant un souverain si puissant ?

Ce sont sur-tout les faibles, repartit le renard, qui ont besoin de la protection des grands et qui doivent tâcher de se les rendre favorables en s’humiliant devant eux : ainsi suis-nous. Nous