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LE LION, LE BOUC

Un soir, comme ils retournaient à leur étable, un vieux bouc, n’ayant pu suivre ses compagnons, demeura seul dans les bois et chercha un asile dans une caverne qu’il trouva par hasard au milieu de la forêt. En y entrant, il aperçut un lion monstrueux qui y était couché ; il fut d’abord saisi de frayeur à la vue de ce terrible animal. Cependant, réfléchissant que s’il essayait de fuir, le lion l’aurait bientôt atteint, il vit qu’il ne lui restait qu’une chance de salut : c’était de payer d’effronterie et de faire bonne contenance. Dans cette idée, il s’avança vers le lion d’un pas grave et assuré, sans témoigner la moindre frayeur. Etonné de voir ce bouc s’approcher de lui avec tant de hardiesse : Quelle espèce d’animal est-ce donc là, se dit le lion en lui-même, pour oser m’approcher avec tant d’assurance ? Tous les autres animaux évitent ma rencontre, ou, lorsqu’ils m’aperçoivent, saisis de frayeur, ils cherchent leur salut dans une prompte fuite, et celui-ci vient à moi comme s’il avait dessein de m’attaquer !

En disant ces mots, il s’approche du bouc, et le fixant d’un air un peu déconcerté : Qui es-tu, avec ta longue barbe ? lui demanda-t-il. Je suis le seigneur bouc, répond celui-ci d’un ton ferme ; je suis un dévot de Siva. J’ai promis à