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LA PROSTITUÉE, L'AMANT ET LA MÈRE.

s’approche sans bruit, et lui introduisant doucement un bout de ce tube dans l’anus, elle applique sa bouche sur l’autre bout pour lui souffler le poison dans le corps : pour le lancer avec plus de force elle prend sa respiration ; mais, dans ce moment, un vent subit s’échappe des entrailles du jeune homme, et sort avec tant d’impétuosité, qu’il renvoie dans l’estomac de la vieille tout le poison contenu dans le tube. Cette femme mourut sur la place, et se trouva punie par les moyens mêmes qu’elle avait inventés pour causer la ruine d’autrui.

Tu vois par cet exemple, ajouta Carataca en terminant son récit, que nos ruses tournent quelquefois contre nous-mêmes, et que là où nous voulons une chose, les Dieux et notre destin en veulent une autre.

Un autre exemple, continua-t-il, en confirmant cette vérité, t’apprendra en même temps que dans nos entreprises nous devons user de moyens proportionnés aux fins que nous voulons obtenir.