Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
ET LE JACKAL.

où se tient caché mon rival, afin que je l’immole sans délai à ma vengeance.

Le jackal conduisit le lion au bord du puits, lui dit de regarder au fond, et qu’il y verrait son ennemi.

Le lion, hérissant sa crinière et se battant les flancs avec sa queue, s’approche en fureur du puits, regarde, et voit son image peinte dans le fond de l’eau ; il la prend pour un objet réel, et s’imaginant que ce qu’il aperçoit est en effet un autre lion, il pousse un rugissement horrible, et se précipite dans le puits pour combattre ce prétendu rival. Aussitôt qu’il y fut tombé, le jackal appela à son secours les autres animaux ; ils firent rouler dans le puits de grosses pierres, et écrasèrent ce cruel ennemi de leurs espèces. Après s’être ainsi délivrés de ce terrible animal, ils vécurent tranquilles dans leur désert.

Je sais, ajouta Damanaca, que nous ne sommes pas doués de la force ; mais nous avons en partage l’esprit et la ruse, moyens infaillibles pour venir à bout de nos desseins.

Carataca ne se rendait pas encore. Réfléchissons avant d’agir, dit-il à son tour, et rappelons-nous qu’il arrive souvent que les ruses que nous dirigeons contre les autres tournent à notre propre ruine comme je vais te le prouver.