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LE CORBEAU, LE RENARD

Lorsque le renard eut fini son récit, voilà, dit-il à son ami le corbeau, comment on se défait par la ruse de ceux qu’on a intérêt de détruire. Cherchons maintenant, ajouta-t-il, à inventer quelque artifice pour détruire ton ennemi comme ce cormoran détruisit en premier tous les poissons, et comme il fut ensuite détruit lui-même par l’écrevisse.

Le renard n’eut pas plutôt fini de parler que le corbeau le conduisit au lieu de son domicile et lui montra la demeure de son dangereux voisin.

Sur ces entrefaites, le roi de ce pays étant allé à la chasse dans cette forêt, vint à passer par l’endroit qu’habitaient le corbeau et le serpent, et comme il était fatigué il voulut se reposer sous l’arbre sur lequel le premier avait construit son nid. Ayant auparavant quitté son collier d’or et quelques autres de ses principaux ornemens qu’il posa par terre, il se coucha à l’ombre de l’arbre et s’y endormit. Pendant qu’il était plongé dans le sommeil, le renard s’approcha et fit un signe au corbeau : celui-ci descendit sans bruit, et, par le conseil du renard, prit avec son bec le collier d’or du roi, et l’enfonça bien avant dans le trou où vivait le serpent ; après quoi ils se retirèrent tous les deux en silence.