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plus efficace d'étendre le christianisme dans ces contrées, c’est d'y envoyer de la Chine même des ouvriers évangéliques, lorsqu'il y en aura en assez grand nombre pour les partager avec les pays voisins. Il y a déjà quelques chrétiens dans la partie orientale, je veux dire, dans le pays des Mantcheoux, où ils sont allés de Peking, et nous espérons d'y établir bientôt des missionnaires. En finissant ces remarques, il ne me reste plus qu'à dire un mot de la grande muraille, qui sépare la Chine de la Tartarie. Comme je l'ai parcouru presque toute entière, et que je l'ai passé presque par toutes les portes les plus fameuses, j'en puis parler avec connaissance. C'est à la vérité un des ouvrages le plus extraordinaire et le plus surprenant qui se soit jamais fait dans le monde : mais il faut avouer que ceux qui en ont parlé dans leurs relations, ont beaucoup exagéré, s'imaginant sans doute qu'elle était partout de même qu'ils l'avaient vue en quelques endroits les plus proches de Peking, ou en certains passages les plus importants. Dans ces endroits là elle est très forte, bien bâtie, fort haute, et fort massive, ainsi qu'on le pourra voir plus en détail dans le journal de mes voyages, où j'en ai fait une description exacte en chacun des endroits par où j'ai passé. Généralement parlant, depuis la mer Orientale, où est la fameuse porte appelée Chang hai koen, jusques vers le commencement de la province de Chan si, elle est toute bâtie de pierres et de briques, avec des tours carrées et fortes, assez près les unes des autres pour se défendre ; et dans les passages les plus importants, il y a des forteresses très bien bâties. Cette étendue peut être d'environ deux cents lieues, sans y comprendre plusieurs pans de murailles assez longues, qui font des doubles et quelquefois des triples enceintes, pour fermer les passages les plus considérables. Depuis le commencement de la province de Chan si jusqu'à l'autre extrémité, qui est à l'occident, cette muraille n'est plus que de terre, ou plutôt c'est une terrasse qui s'est démentie en bien des endroits, et que j'ai passé et repassé plusieurs fois à cheval. Il est vrai que de distance en distance on trouve des tours, qui en quelques endroits sont encore de pierre ou de brique, mais la plupart ne sont que de terre. En récompense tout le long de cette muraille au-dedans de la Chine, il y a de quatre en quatre lieues des forteresses, où du temps de la dynastie Tai ming il y avait de grosses garnisons pour défendre le pays des incursions des Tartares. A présent il y a à la vérité garnison dans chacune de ces forteresses : mais dans la plupart, ces garnisons sont fort petites, et toutes de soldats chinois : il n'y en a que quelques-unes des plus considérables, comme sont Fouen fou, Tai tong fou, Yu lin, Ning hia, Siang tcheou, Si ning, et So tcheou, où il y ait un corps nombreux de troupes : mais outre ces forteresses, les montagnes qui sont derrière cette muraille en dedans la Chine défendent assez le pays de l'invasion des Tartares. Ceux qui souhaitent un plus grand détail, le trouveront dans le journal des voyages ; ce qu'on a dit jusqu'ici, suffit pour donner une connaissance générale de la Tartarie, telle que le mérite un pays si vaste et si peu peuplé.