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les Sibériens, la plupart mahométans, qui habitent aux environs de Tobolsk, et entre les rivières d'Irtis et d'Oby. Ceux qui sont entre l'Oby et la Genissée se nomment par les Moscovites Ostiaki et Tongoussey. Les Ostiakis sont proches de l'Oby et sur la petite rivière de Kiet, et les Tongoussey sont aux environs de la Genissée. 3° Il faut beaucoup moins de temps pour aller de Selingha à Tobolsk que pour venir de Tobolsk à Selingué ou Selingha. Selingué est proprement une rivière, sur les bords de laquelle les Moscovites ont bâti une bourgade dans le pays des Kalkas, environ à 250 lieues au nord-ouest de la Chine, et ils ont donné à cette bourgade le nom de la rivière. C'est là que se devaient tenir les conférences de la paix en 1688 entre les plénipotentiaires de l'empereur de la Chine, et ceux du czar de Moscovie. Le lac nommé Paikal en est éloigné au sud de quatre petites journées. C’est le plus grand lac de Tartarie, et un des plus grands qui soient dans le monde. On met trois jours à aller de Selingha a ce lac où la rivière se jette. On passe à une petite bourgade qui s'appelle Oudé, et qui est encore sur la rivière à une journée du lac : ensuite on passe ce lac en un jour, car dans cet endroit là il n'est pas fort large. Puis on entre dans une autre rivière nommée Angara qui sort du lac, et a un cours très rapide vers le nord. Environ à dix lieues du lac, en descendant la rivière, on trouve une autre bourgade qu'on appelle Irkoutskije, du nom d'une petite rivière, qui se jette en cet endroit dans la rivière d'Angara. De là en dix ou douze jours on se rend à Genissea : c'est un village bâti par les Moscovites, sur une rivière de ce nom. On continue de descendre la rivière d'Angara, dont le cours, comme je l'ai déjà dit, est extrêmement rapide, et où il y a quantité de roches, entre lesquelles néanmoins les barques peuvent passer, pourvu qu'elles soient conduites par les gens du pays. Environ une demie lieue au sud de la ville de Genissea, la rivière d'Angara se jette dans celle de Genissée : en cet endroit elle a bien une lieue de largeur. Lorsqu'on est arrivé à la ville, on quitte cette grande rivière qui a toujours son cours vers le nord, jusqu'à ce qu'elle se décharge dans la mer Glaciale. On passe d'abord une montagne, et on fait environ huit ou dix lieues par terre, après quoi on se rembarque sur une petite rivière nommée Kijte qui est guéable et d'un cours assez tranquille, en sorte que les barques d'une médiocre grandeur peuvent descendre et monter cette rivière presque avec une égale facilité. Elles vont à la rame avec assez de vitesse, et on n'emploie guère que dix jours à aller jusqu'à une ville ou bourgade nommée Kietskoie du nom de la rivière. De cette bourgade jusqu'à l'embouchure de la Kijte dans l'Oby il n'y a qu'une journée de chemin, on descend ensuite l'Oby jusques au lieu où l'Irtis vient s'y joindre, et on y emploie d'ordinaire quinze ou vingt jours, puis on remonte la rivière d'Irtis jusqu'à Tobolsk. On ne peut faire commodément ce voyage que durant l'été, lorsque les rivières sont navigables, parce que le chemin de terre est plein de montagnes et de forêts, et qu'il est peu habité. Ce n'est presque que sur le bord