Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

domination dans la Tartarie, jusques aux terres qu'occupent les Moscovites, qui ne sont la plupart que des forêts et des montagnes incultes et inhabitées. J'ai dit jusqu'ici qu'il y avait principalement trois espèces de Mongous, dont le pays est joint à la grande muraille. Après avoir parlé de deux espèces, il reste à parler de la troisième. Presque tous les princes de ces Mongous sont de la race de Zinghiskan aussi bien que les Kalkas : et le titre d'empereur des Mongous est demeuré au principal de tous les princes, qui s'appelait Tchahar han et qui descendait par la branche aînée de l'empereur Coublaï : les autres États mongous, les Eluths même lui payèrent tribut jusques vers le commencement du XVIe siècle, que le fondateur de la monarchie des Mantcheoux fut appelé par les sujets même de Tchahar han qui par ses débauches et sa cruauté, avait rendu sa domination odieuse et insupportable. Le prince des Mongous devenu le vassal de l'empereur des Mantcheoux, fut obligé de quitter le nom de han pour prendre celui de Vang, que cet empereur lui donna. Ensuite ce même empereur s'étant rendu maître d'une partie de la province de Leao tong, voisine des plus puissants princes des Mongous, s'allia avec eux par les mariages de les enfants, et par ce moyen il assujettit une partie de ces princes : enfin il accrut tellement ses États, dont hérita son fils, grand-père de l'empereur qui règne aujourd'hui à la Chine, que celui-ci, soit par sa douceur, soit par la terreur de ses armes, a soumis tous les Mongous qui environnent la grande muraille. Leur pays s'étend de l'orient à l'occident, depuis la province de Leao tong et le pays des Mantcheoux, jusques vers la ville de Ning hia, dans la province de Chen si, entre la grande muraille de la Chine, et le désert de Chamo. Ils sont divisés, en 49 étendards, qui ont chacun un de leurs princes pour chef. Les Mantcheoux après avoir fait la conquête de la Chine, conférèrent aux plus puissants de ces princes des dignités de Vang, de pei lé, de pei zé, de cong, etc. Ils assignèrent un revenu fixe à chacun des chefs de ces étendards, ils réglèrent les limites de leurs terres, et ils établirent des lois, suivant lesquelles on les gouverne encore aujourd'hui. Il y a un grand tribunal à Peking, où leurs affaires sont jugées en dernier ressort, et où l'on appelle des jugements rendus par leurs princes mêmes. Ils sont obligés de comparaître à ce tribunal, lorsqu'ils y sont cités, princes ou autres. On a mis les Kalkas sur le même pied, depuis qu'ils sont vassaux de l'empereur. La troisième nation de la Tartarie est celle des Tartares mahométans, dont les plus considérables font les Yusbeks, qui sont plus connus en Europe qu'à la Chine même : ils s'étendent de l'occident à l'orient, depuis la Perse et la mer Caspienne, jusqu'aux pays des Eluths : et du côté le plus méridional, ils s'étendent jusques assez proche de la Chine : mais ceux-ci ont été assujettis la plupart par le dernier roi des Eluths, qui s'était