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1688, et c’est ce qui nous empêcha d'achever ce voyage et d'aller jusqu'à Selengha qui en était le terme, parce qu'il fallait traverser le pays où le roi des Eluths était campé avec les troupes victorieuses. Touchetou han et le lama son frère se retirèrent jusqu'a l'extrémité méridionale du désert, fort près des terres qui appartiennent à l'empereur de la Chine : ce fut de là qu'ils envoyèrent prier Sa Majesté de les prendre sous sa protection, et de les défendre d'un ennemi, dont ils exagéraient l'ambition et la cruauté. L'empereur dépêcha un de ses officiers au roi d'Eluth pour savoir de lui le sujet de cette guerre. Ce prince répondit respectueusement à l'empereur, qu'il avait entrepris, et qu'il était résolu de continuer la guerre, pour venger la mort de son frère ; qu'il ne croyait pas qu'aucun prince voulût donner retraite à un aussi méchant homme qu'était le lama kalka ; que c'était lui qui était le principal auteur des cruautés qu'on avait exercées ; que par cette raison il était résolu de le poursuivre quelque part qu'il se retirât ; qu'au reste l'empereur était également intéressé à cette vengeance, puisqu'il avait hautement violé les promesses qu'il avait jurées aux ambassadeurs de Sa Majesté, pendant la tenue des États, et qu'il avait si peu déféré à sa médiation. Le lama vit bien que s'il était abandonné de l'empereur, il ne pourrait manquer de tomber entre les mains de son ennemi, surtout le dalai lama lui étant tout à fait contraire : ainsi pour s'assurer une protection qui était son unique ressource, il offrit à l'empereur de se faire, à perpétuité son vassal, avec son frère, sa famille, et ses sujets, et d'engager même tous les autres Kalkas à suivre son exemple. Pendant que cette affaire se négociait, plusieurs des autres princes kalkas recherchèrent la protection de l'empereur aux mêmes conditions d'être ses vassaux. Ils furent reçus favorablement. Ce fut cette même année qu'arriva la mort de Tchetching han : sa veuve supplia pareillement l'empereur de recevoir son fils au nombre de ses vassaux, et de lui donner lui-même l'investiture et le nom de han. On eut d'abord quelque peine à lui accorder ce nom, parce qu'on prétendait qu'il n'y avait que l'empereur qui eût droit de le porter, et qu'il était incompatible avec la qualité de vassal. Cependant cette femme ambitieuse persistant à vouloir que son fils ne fût point privé d'une dignité, dont son mari était en possession, représenta qu'il ne devenait pas de pire condition qu'auparavant, parce qu'il se soumettait à l'empereur : on eut égard à cette raison, et on lui accorda le nom de han, à condition néanmoins que ce titre finirait avec lui, et qu'il ne passerait point aux descendants de son fils. L'empereur fut quelque temps sans recevoir Touchetou han, et le lama son frère dans ses terres ; et sans paraître le protéger ouvertement, il se contenta d'abord d'exhorter plusieurs fois le roi des Eluths, à lui sacrifier ses ressentiments, et à ne pousser pas plus loin une vengeance qui devait être satisfaite, par l'état déplorable où il avait réduit ces malheureux princes, et leurs sujets. Mais le roi d'Eluth