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Aussi les Chinois disent-ils que leur fameux empereur nommé Yu, qui délivra la Chine de cette grande inondation si célèbre dans l'histoire, en réglant le cours des rivières, et en leur faisant un lit, fit couper ces deux rochers qui n'en faisaient qu'un, pour donner passage à ce fleuve. Au reste Ho tcheou ne serait éloigné de la source du Hoang ho que de dix journées, s'il coulait en droite ligne, et s'il ne faisait pas plusieurs détours. Ce même mandarin m'a dit que dans le pays de Coconor il avait passé une rivière nommée Altang kol, c'est-à-dire en langue mongole, rivière d'or ; elle n'a guère plus de trois pieds de profondeur, et elle va se jeter dans les lacs de Tsing fou hai. Cette rivière a beaucoup d'or mêlé avec son sable. Les Tartares du pays s'occupent à en tirer pendant l'été. C'est un des principaux revenus des princes de Coconor : ils envoient leurs gens à cette riche pêche, qui est d'autant plus aisée, que les eaux de la rivière sont fort basses. Il y a tel pêcheur qui pendant quatre mois que dure la pêche, prend six, sept, huit, jusqu'à dix onces d'or, quelquefois davantage, selon qu'il a plus d'adresse ou plus de bonheur. Cependant ces pêcheurs ne font autre chose que de prendre le sable au fond de la rivière : ils le lavent un peu, et retenant ce qui paraît de l'or, ils jettent le reste, et fondent l'or dans des creusets. Cet or passe pour être très bon, toutefois ils ne le vendent que six poids d'argent. Il y a de l'apparence qu'il vient des montagnes voisines, où cette petite rivière prend sa source ; c’est ce qu'on pourrait découvrir aisément, si ces peuples avaient l'art de creuser des mines. Il y a aussi quantité d'or dans d'autres rivières qui coulent dans les États du Grand lama, et l'on en transporte beaucoup à la Chine. Ce mandarin m'ajouta que depuis Si ning jusqu'aux frontières du royaume de Thibet, les terres vont toujours en s'élevant d'une manière sensible, et qu'ordinairement les montagnes qu'on grimpe en allant, lesquelles sont en grand nombre, ont beaucoup plus d'élévation sur le terrain qui est à l'orient du côté de la Chine, que sur celui qui est à l'occident du côté du Thibet. A la vérité il faut que ces petites montagnes, où la petite rivière d'Altang kol prend sa source, soient extrêmement élevées au-dessus du niveau de la mer, puisque cette rivière qui est assez rapide va se jeter dans les lacs de Tsing fou hai et que le Fleuve Hoang ho qui sort de ces lacs, à environ cent lieues d'un cours fort rapide, jusqu'à son embouchure dans la mer Orientale de la Chine ; aussi ce pays est-il fort froid, eu égard à sa latitude : quand on commence à entrer dans le Thibet, le terrain va en baissant, et le climat y est aussi beaucoup plus tempéré. Durant le voyage de ce mandarin, les gens du pays lui fournirent partout des chevaux pour lui et pour ses gens, des chameaux pour porter son bagage, et tout ce qui était nécessaire pour le nourrir lui et toute sa suite. C'est ainsi qu'ils en usent à l'égard des envoyés de l'empereur. Ils lui donnaient dix moutons et un bœuf pour cinq jours : aussi l'empereur défraye-t-il de même les envoyés du Grand lama et des princes de Coconor lorsqu'ils viennent à Peking. La seconde espèce