Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

neveu, il attenta encore sur sa vie, et il aposta des assassins, qui ayant ordre de le tuer, manquèrent leur coup, et lui crevèrent simplement un œil. Ce prince vit paisiblement dans ses États, il commence à faire labourer la terre, et il y est forcé par la diminution de ses troupeaux, qui ne suffisent plus pour l'entretien de les peuples. Il est toujours en guerre avec les Yuzbeks : le pays de Touroufan et d'Yarkian lui est soumis. Il y a peu d'années que la ville d'Yarkian voulut secouer le joug et se révolta contre lui : il l'assiégea aussitôt et s'en rendit le maître, et après l'avoir saccagée, il lui ôta tous les moyens de se soustraire désormais à son obéissance. — La troisième espèce d'Eluths est de ceux qui occupent tout le pays qui est entre une des extrémités de la province de Chen si, une partie de la province de Se tchuen et le royaume de Thibet où le roi et le chef de ces Eluths nommé Dalai han fait sa résidence ordinaire ; ce sont ces Eluths, qui, aidés du secours des autres Eluths, et principalement de Patourou hum taiki, ont conquis dans ce siècle, le royaume de Thibet, et l'ont donné au Grand lama : car il n'y a pas plus de 60 ans que le Thibet qu'on appelle indifféremment Toubet, Thibet, et Tangout, était gouverné par un roi naturel du pays nommé Tsanpa han, que les Chinois appellent dans leur histoire Tsanpou. Ce prince était autrefois très puissant, et il est probable que c'était le fameux Prêtre-Jean si célèbre dans l'histoire ; bien que le Grand lama, qu'on nomme ici dalai lama demeurât dès lors dans Poutala, que nos voyageurs ont appelé indifféremment Betala, Lassa, et Barantola, il n'était pourtant pas souverain temporel du pays : c'était Tsanpa qui régnait alors, et qui perdit la couronne de la manière que je vais raconter. Les Mongous, qui révèrent le dalai lama comme une divinité sur terre, jugèrent que Tsanpa ne le traitait pas assez honorablement, et que c'était à eux à venger sa dignité du mépris qu'on en faisait : le roi de cette troisième espèce d'Eluths dont nous parlons, joignit à ses gens ceux que Patourou hum taiki lui amena ; il attaqua ensuite le roi de Thibet, le défit en bataille rangée, le fit prisonnier, et l'ayant fait mourir, il donna le royaume de Thibet au Grand lama. Il se tint même honoré de se dire son vassal, et pour lui assurer cette conquête, il fixa sa demeure auprès de Poutala : ce roi s'appelait Couchi han grand-père de celui qui règne aujourd'hui, qu'on appelle Dalai han. Les autres princes de sa famille, qui s'étaient joints à lui dans cette guerre, s'en retournèrent en leur pays, qui est à l'orient du Thibet, et qui s'étend depuis le Thibet jusqu'auprès de la grande muraille de la Chine, vers l'endroit où est la ville de Si ning. Ces princes eluths sont connus à la Chine sous le nom de taikis de Coconor, du nom d'un grand lac qui est dans les terres qu'ils occupent. Ils sont au nombre de huit qui ont chacun leur pays, et leurs gens à part, indépendants les uns des autres : ils ne se liguent entre eux que pour leur conservation réciproque.