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il tomba malade de la petite vérole dans son camp, et comme, par une superstition aussi ridicule que barbare, les Mongous ont coutume d'abandonner ceux qui sont attaqués de ce mal, les gens d'Ontchon se retirèrent sur-le-champ, et laissèrent le prince seul dans sa tente, sans qu'il restât un seul domestique pour le servir. Les Tartares mahométans qui étaient postés vis-à-vis des Eluths, les ayant vus décamper, ne manquèrent pas de venir le lendemain dans le camp abandonné, et ayant trouvé le malade, ils en prirent tant de soin qu'ils le guérirent. Comme ce prince ne jugea pas à propos de découvrir qui il était, on le garda comme un simple esclave pendant trois ans. Cependant Senghé second fils de Patorou hum taiki ne doutant point que son frère aîné ne fût mort, épousa sa femme, selon la coutume des Mongous qui est en cela semblable à celle des Juifs. Au bout des trois ans Ontchon se fit connaître aux Tartares de Hassack pour ce qu'il était, et leur ayant promis avec serment que s'ils le renvoyaient en son pays, il ne leur ferait plus la guerre, il recouvra sa liberté, et on lui donna cent hommes pour lui servir d'escorte, jusques sur ses terres. Ontchon étant arrivé sur la frontière de ses États, dépêcha un courrier à son frère Senghé pour l'informer de ses aventures et de son retour : celui-ci surpris d'une nouvelle si peu attendue, alla aussitôt chez la femme de son frère qui était devenue la sienne, pour savoir à quoi elle se déterminerait dans une pareille conjoncture. Cette femme qui avait agi de bonne foi, lui répondit qu'elle ne l'avait épousé, que dans la persuasion que son premier mari n'était plus en vie : mais que puisqu'il était vivant, elle ne pouvait se dispenser de se réunir avec lui. Senghé également passionné pour la femme et pour les États de son frère, dont il était en possession, et qu'il voulait retenir, fit partir des gens de confiance comme pour aller au-devant du prince et lui faire honneur, mais en effet pour le surprendre et le massacrer lui et toute sa suite, selon les ordres secrets qu'il leur avait donnés : la chose ayant été exécutée, il fit publier qu'on avait défait un parti de Hassaks pouroutes sans parler de son frère. Cependant ce crime ne fut pas longtemps sans être divulgué. Un de ses autres frères qui était de la même mère qu'Ontchon, et un de ses neveux, fils de ce même Ontchon, se liguèrent pour tirer vengeance du meurtrier du prince. Ils rassemblèrent les anciens domestiques de ce prince, et ils prirent si bien leurs mesures qu'ils tuèrent Senghé et remirent le fils d'Ontchon en possession des États de son père. Caldan troisième fils du Patourou hum taiki et frère de Senghé de même lit, s'était fait lama dès sa jeunesse, et avait été élevé auprès du Grand lama, comme un de ses principaux disciples : il était venu ensuite s'établir à la cour de Otchirtou tche tchin han qui le considérait fort. Lorsqu'il apprit ces nouvelles il demanda permission au Grand lama du Thibet son maître de quitter