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nom particulier du grand fleuve Yang tse kiang, qui partage ce vaste empire. Il n’est pas aisé de dire où se jettent plusieurs des rivières qui arrosent le Thibet. Il est certain que le Nou kiang entre dans la province d'Yun nan, et qu'après quelques centaines de lys chinois, il change de nom, et s'appelle Lou kiang, puis se jette dans le royaume d'Ava. La rivière Lan tsan kiang, entre pareillement dans la province d'Yun nan, et après avoir reçu dans son lit plusieurs autres petites rivières, elle devient un grand fleuve, qu'on nomme Kiou long kiang, c'est-à-dire, le fleuve des neuf dragons, et se jette dans le royaume de Tong king. Le Kin cha kiang coule au nord de la même province, et après de longs détours, va se rendre dans le grand fleuve Yang tse kiang. Mais où va se décharger le grand fleuve Tsan pou ? C'est sur quoi on n'a rien de certain. Il est vraisemblable qu'il coule vers le golfe de Bengale ; car du moins on sait sûrement que des limites du Thibet il va sud-ouest à la mer, et que par conséquent il coule vers Aracan, ou près de l'embouchure du Gange dans le Mogol, que les Thibétains nomment Anonkek, ou Anongen. Les autres rivières qui sont à l'occident du Tsan pou, entrent immédiatement dans des pays qui ne sont pas trop connus. Les cartes chinoises que les missionnaires géographes trouvèrent dans les tribunaux de la province d'Yun nan, chez les premiers mandarins, de même que les gens du pays, donnent le nom de Nou y, aux peuples qui sont au-delà de la rivière de Nou kiang ; et ceux qui leur sont contigus sur leurs limites, au nord des États d'Ava, ils les nomment Li sse. Mais ce ne sont pas là, selon les apparences, les noms que se donnent ces nations, qui demeurent, à ce qu'on dit, dans les montagnes, et qui sont encore demi-barbares. Il paraît que c'est par ce pays que doivent passer quelques-unes des rivières du Thibet marquées sur la carte. Cette diversité de noms répand une obscurité qui embarrasse un géographe, et qui l'expose à faire des fautes grossières, comme, par exemple, de multiplier les villes. C'est un défaut, dont quelques-unes de nos anciennes cartes ne sont pas exemptes. On ne sait pas encore à présent, quelles sont les villes nommées Cialis et Aramut, dans l'itinéraire du frère Goës, qui fut envoyé pour découvrir le Cathai, quoiqu'on ne doute point que ce qu'il appelle Chiaicum, ne soit Hia yu koen, et que ce qu'il nomme So ciou, ne soit la ville de Sou tcheou, parce que ce qu'il en rapporte, fait connaître que c’est de ces villes-là qu'il parle. Mais on ne peut pas dire la même chose des autres villes qu'on trouve nommées si différemment. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'apparemment ce sont des villes qui ont deux noms différents dans les diverses langues, ainsi qu'on le voit, par ce que j'ai dit plus haut du nom que les Thibétains donnent au Mogol.