de leur doctrine, qui fourniraient, pour les combattre, matière à de solides raisonnements, qu'ils n'oseraient contredire, et auxquels ils n'auraient point de réplique. Mais il faudrait pour cela, que le Thibet jouit d'une paix constante et durable. Il y a lieu, ce semble, de l'espérer, depuis qu'après quelques combats, les troupes de l'empereur ont forcé celles de Tse vang raptan de se retirer dans leur pays. Cependant comme les Tartares n'aiment à se battre qu'en rase campagne, il serait assez inutile aux Thibétains de fortifier leurs villes, et ils n'en ont point qui soient en état de défense. Ces villes sont fort petites ; Lasa même, où le Grand lama tient sa cour, est plutôt un temple célèbre qu'une ville. La multitude des lamas répandus dans le Thibet est incroyable ; il n'y a presque point de famille qui ne veuille avoir un lama, soit par l'entêtement de la dévotion qu'on y a pour Foë, soit par l'espérance de devenir un des officiers du Grand lama, et presque toujours par l'un et l'autre motif tout ensemble. Tandis que le Grand lama sera maître du Thibet, on ne peut guère espérer que le christianisme y fasse quelque progrès. Quand le père Régis et le père Jartoux étaient à Si ning, en l'année 1708 où ils faisaient la carte de ces pays-là, deux Révérends Pères capucins, l'un italien, et l'autre français, leur écrivirent, pour prier l'empereur de la Chine, si cela se pouvait, de leur accorder la permission de bâtir une église à Lasa ; les conjonctures ne pouvaient être alors moins favorables ; tout était en confusion dans le Thibet, et l'empereur menaçait du poids de sa colère, quiconque ne voudrait pas entrer dans les voies d'accommodement qu'il faisait proposer. On ne sait rien de bien particulier des plantes que fournit le Thibet, ni des avantages qu'on en peut tirer pour le commerce ; on pourrait en être instruit par la voie de Bengale, car il y a plusieurs années que le chemin de là jusqu'au Thibet y est connu. De tant de rivières qu'on voit sur la carte, on ne peut dire quelles sont celles qui fournissent tout l'or qui se transporte à la Chine, et qui y est à meilleur marché que partout ailleurs. Il faut qu'on en trouve dans les sables de plusieurs de ces rivières ; il est certain que la grande rivière Kin cha kiang, qui entre dans la province d'Yun nan en charrie beaucoup dans son sable, car son nom signifie, Fleuve à sable d'or. La grande rivière qui traverse tout le Thibet se nomme Yarou tsanpou, ou dsanpou. Bien que tsanpou soit un nom commun à toutes les grosses rivières de ce pays-là, cependant il est de l'usage de le donner en particulier à ce grand fleuve, de même qu'à la Chine le nom général de kiang, qui signifie fleuve, est presque devenu le
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