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plus connus en Europe sous le nom de Kalmucs, qu'ils ne le sont en ce pays-ci, où on les appelle les Eluths Ayouki. Ils sont alliés des autres Eluths plus orientaux, et ils entretiennent entre eux quelque commerce. — Les seconds Eluths que les Moscovites appellent aussi Kalmucs, sont ceux qui habitent depuis cette chaîne de montagnes, dont je viens de parler, jusques à une autre chaîne de hautes montagnes, dont la plus considérable s'appelle Altaï : c'est de cette montagne que sortent plusieurs grandes rivières, dont les principales font l'Oby et l'Irtis. Le roi des Eluths tenait ordinairement sa cour vers la source de cette dernière rivière : ces peuples étaient nombreux, puissants, et occupaient une vaste étendue de pays depuis les terres des Moscovites, jusqu'au pays des Tartares Yusbeks : mais ils s'affaiblirent et se ruinèrent eux-mêmes par leurs divisions et par leurs guerres intestines. Cependant leur dernier roi nommé Caldan Pojoctou han, après avoir réuni sous sa domination tout ce qui restait de ce grand peuple, a détruit de nos jours l'empire des Kalkas qui était puissant en Tartarie, et a même osé déclarer la guerre à l'empereur de la Chine. Il ne pensait à rien moins qu'à la conquête de cet empire, et peut-être aurait-il réussi dans son projet, si son neveu ne se fut pas séparé de lui avec plus de la moitié de ses gens, et s'il eut eu affaire à un prince moins vigilant et moins brave que n'était l'empereur Cang hi ; mais il a été entièrement défait lui et son armée, en sorte qu'il ne reste à présent des Eluths que le neveu de Caldan, qui s'étant retiré d'auprès de son oncle avec ceux de sa suite, et s'étant toujours maintenu en bonne intelligence avec l'empereur de la Chine, est présentement paisible possesseur de ses États, qui sont aux environs de la source de l'Irtis. Comme dans le journal qui suit, des voyages faits en Tartarie, on parle beaucoup des Eluths et du Caldan leur roi, il est à propos pour un plus grand éclaircissement d'entrer dans quelque détail de l'origine, et des dernières guerres de ces peuples. Il n'y a guère plus de 80 ans que tous les Eluths de ce pays-là n'avaient qu'un chef ou roi appelé Otchirtou Tchetching han, dont il est fait mention dans plusieurs relations, et particulièrement dans celle du père avril. Le prince d'Ablay son frère s'étant révolté contre lui, fut défait dans un combat et obligé de se retirer bien loin vers la Sibérie. Il y avait sous ce roi plusieurs petits princes de sa maison qui s'appellent taikis, et que les Moscovites nomment taicha et taichi : chacun de ces taikis étant maître de ses gens, se gouvernait à sa fantaisie et ne rendait au roi leur souverain qu'une obéissance apparente, ne lui payant de tribut qu'autant qu'il le jugeait à propos. L'un de ces taikis nommé Patorou hum était fort riche, et s'était acquis beaucoup de réputation parmi les siens, particulièrement dans la guerre du Thibet dont je parlerai plus bas ; il laissa en mourant plusieurs enfants : ce fut l'aîné appelé Ontchon qui lui succéda. Dans le temps qu'il faisait la guerre aux Tartares Hassaks Pouroutes ou Yusbeks,