Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/569

Cette page n’a pas encore été corrigée

vient de ce que les caractères de ces livres sont fort différents des caractères qui sont en usage dans le Thibet et la Tartarie, et que la langue dans laquelle ils sont écrits, est une langue tout à fait morte, dont ils ne peuvent faire aucun usage, ni en parlant en public, ni en composant des livres. D'habiles missionnaires ont eu quelque idée que dans ces anciens livres on pourrait trouver des vestiges de notre sainte religion, qui y a été prêchée, à ce qu'ils croient, du temps des apôtres, mais qui a été confondue dans la suite par l'ignorance de plusieurs siècles, avec les superstitions qui ont pris le dessus. Les indices sur lesquels ils appuyaient leur conjecture, sont l'habit des lamas, assez semblable à celui sous lequel on représente les apôtres dans nos anciennes peintures ; la subordination qu'on voit parmi eux, et qui a quelque rapport à la hiérarchie ecclésiastique ; plusieurs de leurs cérémonies, qui ne sont pas éloignées des nôtres ; l'idée qu'ils ont d'une incarnation ; et enfin les maximes que débitent leurs plus habiles docteurs. Tout cela demanderait en effet qu'on fit une étude particulière de leurs anciens livres qui sont à Lasa, et des monuments qu'on y peut trouver. Cependant à en juger par les discours ordinaires des plus savants lamas, il paraît que toutes les connaissances qu'on en pourrait tirer, n'aboutiraient qu'à y trouver la métempsycose ; car le Foë qui s'incarne diverses fois, en différentes personnes, et sous différentes formes, est si bien le fond de tout leur système, que par cette seule supposition on peut expliquer tout ce qu'ils disent de leurs principales idoles, comme, par exemple, de leurs Menipé à plusieurs têtes de différentes figures ; et en effet c'est là qu'ils ont toujours recours, lorsqu'on les presse un peu sur ce qu'ils leur attribuent de grand et de merveilleux. La ressemblance de certaines cérémonies avec les nôtres, ne prouve rien autre chose, sinon que, comme toutes les nations, ils ont l'idée d'une religion. Les anciens tableaux des apôtres, quand on ferait remonter leur antiquité jusqu'au temps des Constantins, ce qui n'est guère vraisemblable, n'en sont pas moins que ceux d'aujourd'hui des productions de l'imagination des peintres, puisqu'il est moralement certain qu'ils étaient habillés comme les Juifs l'étaient dans la Judée ; et dans les autres royaumes, comme les habitants du pays. Si les lamas ont parmi eux divers degrés de subordination, c'est ce qu'on voit également parmi les religieux idolâtres et mahométans. La raison seule, commune à tous les hommes, suffit pour établir des distinctions dans les membres d'un même corps. Ainsi il n'y a pas lieu d'espérer qu'on pût faire de plus grandes découvertes que dans les anciens livres des bonzes, dont on a grand nombre. Tout le fruit qu'on pourrait tirer de cette étude, ce serait de connaître les égarements