Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/562

Cette page n’a pas encore été corrigée

dont ils décrivent les habits et les manières ; de sorte que le Tangouth leur parut un puissant royaume, qui selon eux, en comprenait plusieurs, et entr'autres le royaume de Barantola.

Quoi qu'il en soit de l'ancien Tangouth, il est certain qu'entre le Thibet et les pays des Tourfan, et autres petites villes dépendantes du Tse vang raptan, il n'y a aucun royaume qui ait des villes, et qu'on n'y trouve que des hordes de Tartares sous des chefs ou petits princes, qui vivent de leurs troupeaux, et qui sont même en petit nombre, mais tous fort attachés aux intérêts du Grand lama, leur voisin. Le Thibet n'a pas toujours été soumis pour le temporel au Grand lama ; au commencement du siècle passé il avait un roi ; les terres dépendantes du Grand lama ne consistaient que dans un certain district assez médiocre. On a des lettres du père Andrada, qui en l'année 1624 passa d'Agra, ville du Mogol, à Chaparangue, et après avoir découvert la source du Gange, vint au Thibet pour y prêcher l'Évangile. On voit par ces lettres que le roi avait conçu tant d'estime et d'affection pour la religion chrétienne, qu'il pensa sérieusement à l'embrasser. C’est ce qui obligea le missionnaire à retourner promptement aux Indes, afin d'y prendre des compagnons qui pussent partager avec lui ses travaux apostoliques. Cependant le Grand lama s'aperçut que le roi était changé à son égard, et qu'il ne lui rendait plus les hommages ordinaires avec la même assiduité. Il s'en plaignit hautement ; ces plaintes produisirent le soulèvement de quelques princes tartares, qui, après avoir défait entièrement l'armée de ce prince dans une bataille, le tuèrent ensuite. Les Tartares racontent la chose à peu près de la même manière. Le Grand lama, disent-ils, justement irrité contre le roi, dont il commençait à être méprisé, appela à son secours les Tartares de Kokonor ses voisins, nation si entêtée de la présence de Foë dans le Grand lama, qu'ils croient fermement que toute sa divinité habite corporellement en lui, et que par conséquent il mérite une obéissance aveugle. Le prince Couchi han, avec le secours de Hong tai ki, et des autres princes de sa famille, entra aussitôt avec une grosse armée dans le Thibet, attaqua le roi Tsampa, et après quelques combats, le défit dans une bataille générale ; et l'ayant fait prisonnier, il le fit mourir peu après. C'est à ce prince que le Grand lama fut redevable de la souveraineté du Thibet ; car il se contenta pour fruit de sa victoire d'être son vassal, et de recevoir de sa main le titre de han qu'il n'avait jamais porté. C'est le plus haut rang où puissent aspirer les Tartares. Ce nouveau han, pour satisfaire aux ordres du Grand lama, s'établit avec tout son monde au voisinage de Lasa, afin d'assurer au Grand lama la conquête qu'il venait de faire, et d'être son protecteur contre tous ceux qui voudraient le troubler dans sa nouvelle domination. Ce pouvoir souverain ajouté à la puissance spirituelle qu'il avait auparavant, a beaucoup servi à augmenter la vénération que les peuples ont pour cette idole. Le fils et le successeur de Couchi han ne se mit pas en peine de