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du lait, plus ou moins, selon qu'ils sont plus ou moins à leur aise. Ils font aussi une espèce d'eau-de-vie avec du lait aigre, principalement de cavale, qu'ils font distiller après l'avoir fait fermenter. Les riches mêlent de la viande de mouton fermentée avec ce lait aigre, et ensuite ils le distillent : cette eau-de-vie est forte et nourrissante ; leurs délices est de s'enivrer de cette liqueur : ils prennent aussi beaucoup de tabac. Ils ont communément un bon naturel et de la droiture. Quoique la polygamie ne soit plus défendue parmi eux, ils n'ont ordinairement qu'une femme. Ils brûlent les corps de leurs morts, et vont enterrer les cendres sur quelque hauteur : ils font un amas de pierres sur la fosse, et sur ces monceaux de pierres, ils plantent quantité de petits étendards. Ils sont fort dévots dans leur fausse secte, et presque tous portent des chapelets au col, sur lesquels ils récitent leurs prières. S'ils avaient embrassé la vraie religion, je crois qu'ils feraient de fervents chrétiens : quoique pourtant, à dire vrai, ils sont tellement entêtés de leurs lamas et de leurs erreurs, qu'il y a peu d'apparence qu'on pût les convertir à la foi, à moins que Dieu ne fît un de ces miracles de la grâce, par lesquels sa main toute puissante sait changer les pierres en enfants d'Abraham. Il n'y a guère de prince mongou qui n'ait quelque pagode dans ses États, quoiqu'il n'y ait pas une seule maison. J'ai vu le reste d'un de ces temples à plus de 250 lieues de Peking : les tuiles vernissées ou plutôt émaillées de couleur jaune, avaient été apportées de Peking, et des ouvriers venus exprès de la Chine avaient travaillé à sa construction. C'était un de ces fourbes de lamas, lequel se disait un Fo vivant, et se faisait adorer en cette qualité, qui l'avait fait bâtir dans les États du roi des Kalkas son frère. Quoique les Tartares Mongous n'aient qu'une même langue, une même religion, et une même façon de vivre, on les peut diviser en trois sortes de peuples, savoir les Kalmucs, les Kalkas, et les Mongous. Les Kalmucs qu'on appelle ici et chez eux-mêmes Eluths, occupent le pays qui est entre la mer Caspienne et la montagne d'Altaï, de l'occident à l'orient : et du septentrion au midi, entre les Moscovites et les Tartares Yusbeks, qu'ils appellent Hassack pourouk, avec lesquels ils sont continuellement en guerre : ils se sont étendus jusqu'au Thibet, ainsi que je dirai plus bas. Les Eluths sont à présent de trois sortes : quoiqu'ils soient tous originaires de la même famille, ce sont comme trois branches qui sont sorties du même tronc. — La première sorte est de ceux qui sont maintenant les plus nombreux et les plus puissants : ils vont tous les ans camper durant l'hiver sur les bords de la mer Caspienne assez près d'Astracan, où ils font un grand commerce. Ce sont les plus occidentaux, et ils occupent les terres qui se trouvent entre la Moscovie, Samarcand, Kaskar, et autres pays des Tartares Yusbeks. Ils s'étendent à l'orient jusqu'à une grande chaîne de montagnes que je crois être la continuation du Caucase. Les Eluths sont aussi