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y en a parmi eux qui abandonnent leur demeure, s'il arrive que quelqu'un y rende le dernier soupir. Les Kuriles brûlent leurs morts, ce qui leur a été défendu inutilement jusqu'à présent. Le capitaine étant descendu jusqu'à Kamtschatka l'inférieur, trouva ce qu'il fallait de bois pour la construction d'un vaisseau presque tout préparé. Le bâtiment fut mis en chantier le 4 d'avril 1728 et achevé le 10 de juillet. Les bois nécessaires furent traînés par des chiens, et comme le goudron manquait, on trouva moyen d'y suppléer, et d'en tirer d'un certain bois, nommé Lisnischnik, en le faisant brûler, ce qui avait été inconnu jusqu'alors aux habitants de ce pays-là. On composa une espèce d'eau-de-vie pour le voyage de mer qu'on allait entreprendre. Avec de l'eau de la mer on fit du sel. Les provisions consistaient en carottes et en racines, faute de blé ; de la graisse crue de poisson devait tenir lieu de beurre, et du poisson salé remplaçait toute autre viande. Le vaisseau fut chargé d'une si grande quantité de vivres de cette espèce, qu'elle pouvait suffire pour nourrir quarante hommes pendant toute une année. Le 14 du mois de juillet on sortit de la rivière de Kamtschatka, pour achever de satisfaire aux ordres de la cour de Russie, et à l'instruction signée de la propre main du czar, Pierre le Grand. On se trouva le 8 d'août par 64 degrés 30 minutes de latitude, et aussitôt huit hommes, qui montaient une barque de cuir, quittèrent le rivage pour approcher du vaisseau. Ils s'informèrent d'où il venait, et pourquoi il était venu. Après cela ils dirent d'eux-mêmes, qu'ils étaient Tzuktschi, qui est le nom d'une nation connue depuis assez longtemps des Russes, et qui habite effectivement dans ce quartier-là. On appela ces Tzuktschi plusieurs fois, et à la fin il s'en détacha un, qui vint au vaisseau en nageant sur des peaux de chien marin ; mais un moment après, les autres arrivèrent aussi ; ils dirent que le rivage de la mer était rempli des habitations de leur nation, et ils firent entendre que l'étendue de la terre ferme était vers le Couchant. Ils indiquèrent aussi une île, qui n'était pas fort éloignée, et que l'on découvrit effectivement quand on fut parti de là ; mais on ne vit personne sur cette île, quoiqu'il y parût quelques maisons. On lui donna le nom de S. Laurent, parce que ce jour-là était celui de la fête de ce Saint, qui arrive le 10 d'août. La hauteur se trouva le 15 du même mois de 67 degrés 18 minutes. Ce fut le non plus ultra du capitaine Beerings, qui crut avoir suffisamment rempli sa commission, et satisfait aux ordres qu'il avait reçus, surtout, parce qu'il ne voyait plus que les terres continuassent de courir de même du côté du nord. Il appréhendait qu'en allant plus loin, s'il était accueilli de quelque vent contraire à la route, il ne lui fut plus possible de retourner à Kamtschatka avant la fin de l'eté. Et comment se résoudre à passer l'hiver dans un pareil climat, au hasard de tomber chez des