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Kamtschatka dans l'habitation d'en haut, ne consiste qu'en dix-sept familles russes ; dans l'habitation d'en bas il y en a cinquante ; et un peu plus loin, où l'église est placée, il y en a quinze. C'est ce qu'on a pu inférer des termes de la relation. La carte marque distinctement trois habitations ; savoir, Kamtschatka d'en haut, celui du milieu, et celui d'en bas. Les garnisons des trois forteresses ne composaient alors que cent cinquante soldats ; et ces soldats ne sont établis là que pour lever les impositions dont les habitants sont chargés. On donna à ces habitants, pour les voitures qu'ils avaient fournies depuis Bolchay recski ostrog, le poids de 300 pouds de la graisse d'une baleine qui avait été jetée sur le rivage l'automne précédent ; et un peu de tabac chinois acheva de satisfaire ces gens-là, mieux peut-être qu'on n'aurait fait avec de l'argent. A Kamtschatka, du côté du sud, il y a une nation qu'on nomme Kurile. Dans la partie du nord, il y a peu d'humains parmi les Kamtschakdales, auxquels on puisse attribuer quelque religion et quelques lois. Ils diffèrent peu de langage entr'eux tous. Les Russes établis à Kamtschatka, n'ont, de même que les naturels du pays, ni blé, ni bétail. Ils ont pour tout des chiens, qui leur servent à transporter ce qu'ils veulent d'un endroit à un autre, et dont la peau leur fournit aussi le vêtement. Ils se nourrissent de poisson. L'été leur permet d'avoir quelque gibier. Ils ont encore des carottes et des fèves. Il vient pourtant quelque peu de blé aux environs du couvent de Pakutsiska, qui n'est éloigné de l'église de Kamtschatka que d'un verste. Il y vient aussi du chanvre et des raves ; mais dans les plantations des habitants russes, qui sont plus en deçà que les forteresses, il se trouve des navets extraordinaires, puisqu'il n'en faut qu'une demie douzaine pour le poids d'un poud. Le capitaine apporta au couvent nommé ci-dessus, du seigle et de l'avoine, et ces grains furent semés pendant son séjour dans le pays, mais il n'en put voir le progrès. Au reste, il gèle de très bonne heure dans ce pays-là. On n'y sait ce que c’est que de fumer la terre, et c'est aux hommes à la labourer, puisque les bêtes leur manquent. Le peuple qui est sous l'obéissance de la Russie, paie son tribut en fourrures. Les coutumes de ce peuple sont bien barbares ; si une mère accouche de deux enfants, l'usage est d'en étouffer un dès qu'il paraît. La conservation de cet enfant passerait pour un crime. Une autre coutume, aussi barbare pour le moins, c'est que quand un père ou une mère tombent malades, quoique toute maladie ne soit pas mortelle, la personne malade est transportée dans la forêt voisine, en temps d'hiver comme en été ; on lui laisse à la vérité des provisions pour quelques jours ; mais il paraît difficile qu'aucun d'eux en réchappe. Ils ne prennent pas soin d'enterrer leurs morts ; ils les traînent seulement jusque dans le bois, où ces corps sont dévorés par les chiens. Il