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la terre de la hauteur d'un bras russe, (ou cinq pieds et demi de France) et quelquefois davantage. Ainsi l'on est obligé pendant en trois à quatre mois de voyager à pied, et de traîner soi-même son bagage sur de petits traîneaux chargés jusqu'à quinze pouds tout au plus. C'est de cette manière que la troupe du lieutenant qui partit de la rivière de Gorbéa, fit sa route jusqu'à Ochotski ; et comme c'était en hiver, ces pauvres voyageurs ne purent mieux faire, pour se garantir la nuit du froid mortel de ce climat rigoureux, ou pour se mettre à l'abri du vent, que de s'enfoncer bien avant dans la neige. Le 30 de juin, le capitaine fit monter sur une barque nouvellement construite, un lieutenant, pour qu'il traversât du port d'Ochotski ostrog, à l'embouchure de Bolchaya rerca, ou de la grande rivière, avec tout le bagage et les outils. Ce lieutenant avait ordre de faire passer à Kamtschatka le sous-constructeur et les charpentiers de l'équipage, pour qu'on taillât le bois nécessaire à la construction d'un vaisseau. Après quoi il devait promptement retourner vers le capitaine. Cependant le lieutenant qui avait été laissé à Jakutski, arriva le troisième de juillet à Ochotski, apportant avec lui, selon l'ordre qu'il en avait reçu du capitaine, 2.300 pouds de farine. Quand la barque revenue de la rivière de Bolchaya, et une autre qui était aussi arrivée du même endroit, eurent été chargées des provisions et bagages nécessaires, le capitaine s'embarqua le 21 d'août, pour se rendre aussi d'Ochotski ostrog à la rivière susdite. Il laissait un pilote avec quelques gens, pour garder la partie des provisions qui était restée dans les glaces à l'entrée de la rivière de Gorbéa, jusqu'à ce que le pilote pût faire redescendre ces provisions jusqu'à la rivière de Notora, qui tombe dans Aldan, où il devait les livrer à la chancellerie de Jakutski, en tirant une reconnaissance de cette livraison. Après quoi le pilote, et les gens de sa suite devaient venir rejoindre le capitaine à Kamtschatka, munis de quelques provisions, et charges de fer et de goudron. Ils n'arrivèrent qu'en 1728. Le capitaine parvenu à l'entrée de Bolchaya rerca, fit monter son bagage jusqu'à Bolchay reeski ostrog, ou à l'habitation de la grande rivière, sur de petites barques. Il n'y a autour de la forteresse qui est en ce lieu-là, que quatorze petits ménages russes. De là le plus gros du bagage fut encore porté sur la rivière à cent vingt verstes, près du haut Kamtschatka. Pour arriver jusque-là, on prit des traîneaux, tirés, selon l'usage du pays, par des chiens, et on traversa de cette manière l'intervalle de la rivière de Bolchaya à celle de Kamtschatka. Dans le cours de ce voyage, on avait grand soin, pour passer la nuit, de s'enfoncer dans la neige. On se couvrait principalement par le haut. Il règne dans ces quartiers là des ouragans très violents, qu'on appelle purgi, et quand les voyageurs en sont surpris avant que de trouver à se gîter, ou se mettre à l'abri, ils courent risque d'être enterrés sous la neige.