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au nord depuis la grande muraille de la Chine, jusque vers le 50e degré de latitude. Ils parlent tous la même langue, qu'on appelle simplement langue mongole. A la vérité ils ont quelques dialectes différents, mais ils s'entendent tous fort bien, et qui sait la langue des uns, se fait entendre de tous les autres. Ils n'ont aussi tous qu'une même religion, qui est celle du Thibet, c'est-à-dire, qu'ils adorent l'idole Fo, qu'ils appellent en leur langue Foucheki : ils croient la transmigration des âmes, et ils ont pour les prêtres de leurs idoles appelés lamas une si profonde vénération, que non seulement ils leur obéissent aveuglément, mais encore qu'ils leur donnent ce qu'ils ont de meilleur. La plupart de ces prêtres font fort ignorants : mais pour être estimés habiles parmi ces peuples, il suffit d'entendre un peu la langue du Thibet et d'en connaître les caractères, afin d'être en état de lire les livres sacrés qui sont écrits en cette langue. On ajoute que la plupart des lamas se plongent dans la débauche, surtout avec les femmes, dont ils abusent impunément. Néanmoins les princes du pays se laissent gouverner par leurs conseils, ils écoutent leurs avis avec respect, et l'honneur qu'ils leur rendent, va jusqu'à leur céder la première place dans les assemblées de cérémonie. Tous les Mongous vivent aussi de la même manière, errant çà et là avec leurs troupeaux, et demeurant campés dans les lieux où ils sont commodément, et où ils trouvent le meilleur fourrage. En été ils se placent ordinairement dans des lieux découverts près de quelque rivière ou de quelque étang, et s'il n'y en a point, aux environs de quelque puits : en hiver ils cherchent les montagnes et les collines, ou du moins ils s'établissent derrière quelque hauteur, où ils soient à couvert du vent de nord, qui est en ce pays-là extrêmement froid : la neige supplée à l'eau qui leur manque. Chaque souverain demeure dans son pays, sans qu'il soit permis ni à lui, ni à ses sujets d'aller dans les terres des autres : mais dans l'étendue des terres qui leur appartiennent, ils campent où ils veulent. Ils sont naturellement sales et malpropres dans leurs tentes, dans leurs habits, et dans toutes leurs manières qui sont tout à fait grossières et impolies. Ils vivent au milieu des ordures de leurs bestiaux, dont la fiente leur tient lieu de bois pour faire du feu : car il n'y en a point dans les lieux qu'ils habitent. Ils sont bons cavaliers, habiles chasseurs, adroits à tirer de l'arc à pied et à cheval : en général leur vie est très malheureuse. Ennemis du travail, ils aiment mieux se contenter de la nourriture qu'ils tirent de leurs troupeaux, que de se donner la peine attachée à la culture de la terre, qui est assez bonne en plusieurs endroits. Durant l'été ils ne vivent que du laitage de leurs bestiaux, usant indifféremment de lait de vache, de cavale, de brebis, de chèvres, et de chameaux : leur boisson ordinaire est de l'eau cuite avec des feuilles de thé, mais du plus grossier et du plus vil qui soit dans toute la Chine. Ils y mêlent du beurre, de la crème, et