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Quant à lui, il trouva des difficultés à aller plus loin, et il prit son quartier d'hiver à Ilimski avec le reste de son monde. Il fallait faire provision de vivres, et parce qu'aux environs de Jakutski où il devait se rendre par la Lena, il n'y a point de blé, il y avait des ordres de la chancellerie de Tobolsk aux villes d'Irkutski et d'Ilimski d'en fournir. Dans le courant de cet hiver, le capitaine fit un voyage à Irkutski, pour s'aboucher avec le Vvaivode, ou gouverneur, qui l'avait été précédemment à Jakutski, et duquel il pouvait apprendre mieux que de toute autre personne, la nature du pays qu'il avait à traverser, la manière d'y voyager, et de se transporter jusqu'à Ochotski, et Kamtschatka. La suite du capitaine fut renforcée à Irkutski d'une vingtaine de personnes, forgerons et charpentiers, parmi lesquels il y avait deux tonneliers. Le pays traversé par les rivières Tunguska, Ilim, et Lena, jusqu'à celle de Vvitim, est habité par des peuples nommés Tunguses, qui font grand cas des rênes, parce qu'ils en tirent de grands avantages. Mais ceux d'entr'eux qui n'ont point de rênes, établissent leur demeure plus près des rivières, dont le poisson les nourrit, et sur lesquelles ils naviguent avec des canots faits d'écorce de bouleau. Ces Tunguses sont païens. Vers la fin de l'hiver le capitaine reprit son voyage avec des traîneaux, jusqu'à Uskut. Ainsi au printemps de 1726 il descendit la rivière de Lena dans quinze barques plates jusqu'à Jakutski. Les deux bords de la Lena au-dessous de la rivière de Vvitim, sont habités par les Jakutes, et par quelques Tunguses. Les Jakutes ont beaucoup de bétail, chevaux, et bêtes à corne, dont ils tirent leur nourriture, et leur vêtement. Ceux qui n'ont que peu ou point de bétail, se nourrissent de poissons. Ils sont païens, et adorent le soleil, la lune, les oiseaux, tels que le cygne, l'aigle, et le corbeau. Ils ont une haute idée de leurs sorciers, qu'ils appellent schamans. Indépendamment de cela ils tiennent chez eux des bolvvaners, ou petites images, qu'ils nomment en leur langage scheitans. Au reste, ce peuple paraît avoir une origine commune avec les autres Tartares. A son arrivée à Jakutski, le capitaine demanda du monde pour faciliter sa marche, et ayant obtenu ce secours, il ordonna à un lieutenant de suivre avec la plus grande partie de son monde et le gros du bagage, le courant de la Lena, jusqu'au confluent de la rivière d'Aldan, de remonter tout de suite les rivières d'Aldan, de Maya, et de Iudoma. Il se persuadait qu'on pourrait remonter ainsi jusqu'à Iudomska kresta, et que par ce moyen le voyage devenait plus facile, et moins pénible que par terre. Pour lui, avec le petit nombre de gens qu'il s'était réservé, il monta à cheval à Jakutski, pour se rendre à travers pays à Ochotski. Il fit charger ses provisions sur des chevaux, cinq pouds pesant sur chacun. Le poud est