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Quoique dans le projet que j'ai donné de cet ouvrage, je me sois borné à cette partie de la Tartarie, qui est soumise à la Chine, et que je ne me sois nullement engagé à entrer dans cette autre qui appartient aux Russes, j'ai cru néanmoins qu'une nouvelle découverte, faite par les ordres du feu czar, ne pourrait être que très agréable à ceux qui ont du goût pour la géographie. On sait, et les nouvelles publiques nous l'annoncèrent il y a peu d'années, que ce grand prince, qui était tout occupé de la perfection des arts et des sciences, et qui a créé en quelque sorte dans ses États une nation toute nouvelle, fit partir le capitaine Beerings, avec ordre d'aller jusqu'à Kamtschatka, afin d'examiner les frontières de ce pays-là, qui s'étendent au nord-est, et tâcher de découvrir si, selon l'opinion de quelques-uns, elles tiennent à la partie septentrionale de l'Amérique, ou si l'on pourrait y trouver quelque passage par eau. Ce capitaine, après avoir exécuté ponctuellement ces ordres, revint à Petersbourg le premier jour de mars de l'année 1730, et apporta une relation succinte de son voyage, avec la carte qu'il en avait dressée. Cette carte fut envoyée au sérénissime roi de Pologne, comme un présent digne de son attention et de sa curiosité, et Sa Majesté a bien voulu qu'elle me fût communiquée, en me permettant d'en faire tel usage qu'il me plairait. J'ai cru que le public me saurait quelque gré de l'avoir ajoutée à toutes celles que je lui avais promises. Ce fut l'an 1725 le cinq de février, que le capitaine Beerings reçut ordre du comte Apraxim, amiral de Russie, de faire un voyage en Sibérie. Il devait, suivant l'instruction qui lui fut donnée, prendre connaissance des bornes de ce pays-là, afin qu'on pût juger de ce qu'il restait d'intervalle entre l'extrémité de la Sibérie la plus avancée vers l'est ou le nord-est, et le continent de l'Amérique septentrionale. Il lui fut permis en partant, de prendre, chemin faisant, dans les villes de Sibérie, le nombre et l'espèce de gens dont il pourrait avoir besoin.