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la confirmation de sa couronne usurpée. Mais enfin Hoei ti, qui commença à régner 122 ans avant l'ère chrétienne, et Liu heou, sa mère qui gouvernait sous son nom, le créèrent roi de Tchaossien, par le conseil même de celui qui était pour lors gouverneur du Leao long. C'est ce qui donna lieu à Ouei man de pousser plus avant ses conquêtes. Il subjugua les Mé, les Kao kiuli, les Oüo tsiu, et divers autres peuples. Yeou kiu, petit-fils de Ouei man, ayant fait mourir Che ho, envoyé de l'empereur Vou ti, environ 110 ans avant l'ère chrétienne, s'attira une fâcheuse guerre. L'empereur dépêcha Yan pou et Sun tché, pour le châtier de son insolence ; mais ce fut sans succès. Peu de temps après, Yeou kiu fut assassiné par les siens, qui vinrent se rendre volontairement à l'empereur. Vou ti réduisit le Tchaossien en province, qu'il nomma la province de Tsan hai. Ce même prince, après avoir réduit sous son obéissance le royaume avec ses conquêtes, c'est-à-dire, toute la Corée, la partagea en quatre kiun, ou provinces, qui furent Tchin fan, Lin tung, Lo lang, et Hiuen tou. Il mit Oüo tsiu et Kao kiuli au rang des villes du troisième ordre. L'empereur Tchao ti, qui commença à régner quatre-vingt-six ans avant l'ère chrétienne, retrancha deux gouverneurs de ces provinces, et ne laissa que celui de Lo lang, et celui de Hiuen tou. Ainsi la Corée ne fut plus composée que de deux provinces. Les Kao kiuli étaient de la race des Fou yu 1 (ces Fou yu doivent être un peuple de la Tartarie orientale). Leur origine, ainsi qu'ils la racontent, est toute fabuleuse ; ce que j'en vais rapporter fera voir jusqu'où va la crédulité de ces peuples et de leurs historiens. Il est vrai que l'idolâtrie donne quelque air de vraisemblance à ces sortes d'extravagances ; l'histoire romaine, qui affecte d'ailleurs de paraître sérieuse, nous fournit des exemples de semblables rêveries. Voici donc ce qu'ils disent. Le prince des Kao kiuli avait en sa puissance une fille du Dieu du Hoang ho, qu'il tenait enfermée dans une maison. Un jour qu'elle fut frappée de la réverbération du soleil, elle conçut, et ensuite elle accoucha d'un œuf, gros comme un boisseau. On le rompit, et on y trouva un enfant mâle. Quand il fut grand, on lui donna le nom de Tchu mong, qui signifiait en langage du pays, bon Archer. Le roi de Kao kiuli le fit intendant de ses haras. Tchu mong laissa amaigrir les bons chevaux, et au contraire, il eut grand soin d'engraisser les méchants. Le roi retenait les gras pour lui, il lui abandonnait les maigres. Un jour se trouvant à la chasse, le roi lui donna la liberté de tirer à coups de flèche le gibier qui se présenterait à lui ; il tua un grand nombre de bêtes fauves ; ce qui fit naître au roi la pensée de s'en défaire.