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Pour les punir, dit l'histoire chinoise, l'empereur envoya le général tartare Tsa li ta, qui enleva aux Coréens plus de quarante villes. Leur roi Tche vang dépêcha son frère Hoai gan, pour prier l'empereur de le recevoir en qualité de roi tributaire. Cette démarche fut inutile, et il ne gagna rien. L'empereur ordonna au contraire de partager les pays conquis en gouvernements, d'y mettre partout des mandarins, et de fortifier les postes importants par de bonnes garnisons. Le roi de Corée s'était retiré vers la partie orientale, le long de la mer. L'année suivante les villes de Corée qui avaient été forcées de recevoir les mandarins, prirent les armes, et firent main basse sur tous les étrangers. A cette nouvelle le général Tsa li ta retourna sur ses pas, et ayant rencontré l'armée coréenne, il fut tué d'un coup de flèche. On traita ensuite de la paix. Le roi de Corée et son fils nommé Chun, eurent permission de venir saluer l'empereur Octai à la chasse. L'empereur le reçut avec distinction, et se contenta de retenir son fils parmi les otages qu'il avait de plusieurs princes et des principaux généraux, qui étaient nourris et élevés à sa cour et à ses dépens. La paix continua sous le fils d'Octai, nommé par nos historiens Kojou, et par les Chinois Kouei you, celui-là même à qui Saint Louis députa des religieux, et envoya des présents. Mais celui-ci n'ayant régné que peu d'années, la guerre avec les Coréens recommença sous son successeur Mango, ou Mangou, suivant nos auteurs, et Mong co, suivant les Chinois. Un prince du sang, nommé Ye hou, et le général Hong fou yuen entrèrent dans la Corée, et prirent plusieurs villes, sans pouvoir néanmoins obliger les Coréens à abandonner leur roi, qui d'ailleurs offrait toujours de payer le tribut ordinaire, et qui avait envoyé un de ses enfants pour traiter d'accommodement. Sur ces entrefaites l'empereur Mong co vint à mourir. Il eut pour successeur Coblai, ou Hobilai, appelé en chinois Hou pi lie. Ce prince tâcha de se conformer en toutes choses au gouvernement des empereurs chinois qui l'avaient précédé. Dès la première année de son règne, un des Grands de l'empire, nommé Lien hi hien, dressa un placet en faveur de la Corée, qui était conçu à peu près dans ces termes. Le roi de Corée n'a jamais manqué d'offrir le tribut à l'empire. Un de ses fils, nommé Tien ou, est venu par ses ordres, et plusieurs fois en cette cour. La dernière fois qu'il y est venu, il n'a pas pu même avoir audience. L'empereur, prédécesseur de Votre Majesté, était occupé aux préparatifs de la guerre qu'il voulait faire aux Song. Ce prince vient d'apprendre que son père est mort. Si on le renvoie dans son royaume, quelle estime n'aura-t-il pas de la haute vertu de Votre Majesté, et quelle sera sa reconnaissance pour votre monarchie ? Ce seul bienfait, sans qu'il soit besoin d'armes ni de soldats, gagnera pour toujours ce royaume.