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que les villes qu'on nomme fou à la Chine, ont sur celles qu'on appelle hien. Quand il s'agit de punir un criminel, on ne lui met pas un bâillon à la bouche, selon ce qui se pratique à la Chine, lorsqu'il y a quelque raison particulière de le mettre ; mais on lui jette un sac sur la tête, qu'on fait descendre jusqu'aux pieds, soit à dessein de cacher sa honte, soit afin d'en être le maître. Ce que la Corée a de plus précieux, c'est la récolte de la fameuse plante du ginseng, et la chasse des zibelines. On fait aussi un très grand commerce de papier de coton, qui est fort et de durée. On s'en sert dans le palais même de l'empereur pour coller les fenêtres, et pour d'autres semblables usages. Quoique tous les ans il en vienne une grande quantité, il ne laisse pas de se vendre plus cher qu'aucun autre papier de la Chine. La Corée est un royaume très ancien, comme il est aisé de le montrer par les annales, et les plus anciens livres de la Chine. Vou vang, fondateur de la famille impériale Tcheou, après avoir défait le dernier empereur de la famille Yng 2, fit roi de Corée le prince Ki tse, oncle de ce malheureux empereur, sans même exiger de lui ni tribut ni hommage. Ce fut vers l'an 1120 avant l'ère chrétienne, puisque cette défaite, suivant l'histoire prouvée par le calcul des éclipses qu'elle rapporte, ne peut être fixée au-delà de cette époque. Ce prince était dans une si grande réputation de sagesse, que Vou vang voulut le faire premier ministre, et en recevoir des instructions qu'on trouve ramassées dans le sixième chapitre du quatrième livre du Chu king. Ce Livre est de la plus grande autorité parmi les Chinois. Le prince trouva de l'inconvénient à se charger des soins d'un empire enlevé à son neveu à cause de sa tyrannie. L'empereur goûta ses raisons, et lui céda tout le pays qui compose le royaume de Corée. Il lui fournit même les moyens de s'en rendre le possesseur, et d'introduire parmi ces peuples les mœurs polies de ceux qu'il quittait. Il paraît que la sagesse du prince vint à bout de toutes les difficultés sans beaucoup de peine, puisque, selon l'histoire chinoise, quatre ans après avoir pris possession de son royaume, il crut pouvoir s'en absenter, et venir voir Vou vang, qui le reçut avec de grandes démonstrations d'amitié, et le renvoya avec des présents magnifiques. La famille du prince Ki tse régna encore plus de sept cents ans ; mais la maison impériale dégénéra insensiblement de la vertu de ses ancêtres, et perdit peu à peu leur héritage. Parmi les Grands, chacun se cantonna dans ses terres, et prit le titre de prince. Ceux qui avaient reçu des premiers empereurs le titre de prince, voulurent être appelés rois, et en exercer l'autorité. On ne vit plus que guerre entre tant de différents États, et les invasions mutuelles réduisirent l'empire à sept grands royaumes, qu'on appela Tsin, Tsou, Yen, Tchao, Han, Tsi, Ouei. Le royaume de Yen,