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car la saison des pluies n'était pas encore passée, ils ordonnèrent qu'on transportât leurs tentes sur les hauteurs qui étaient aux environs. Ce jour-là je me sentis mal ; mon estomac ne pouvait presque plus supporter aucune nourriture, et je vomissais tout ce que je mangeais, aussitôt que je l'avais avalé. Le 14 nous séjournâmes, et les jours suivants, jusqu'au 27. Pendant que nos grands accommodaient les différends, ou jugeaient les procès que les Kalkas avaient entr'eux, nous nous informâmes de l'état du pays et des environs, et nous fîmes sur cela plusieurs questions à des Kalkas, et à plusieurs marchands moscovites qui étaient venus trafiquer avec les Kalkas, et dont plusieurs avaient parcouru tous les pays qui sont entre Tobolsk et Selengha, surtout vers l'ouest, qui nous était le plus inconnu ; car pour ce qui est du pays qui est à l'orient, nous en avions assez de connaissance. Il y avait surtout un jeune homme kalka, qui était au service des Moscovites, qui avait voyagé plusieurs fois à Tobolsk, et dans tous les lieux qui sont à l'occident de la Genissée jusqu'au mont Altaï ; il nous vint voir, et nous fit la description de tout ce pays, d'une manière fort claire pour un Tartare ; il nous traça même sur-le-champ une petite carte, où il marqua les rivières avec leur cours, les villes, et les bourgades, qui sont presque toutes bâties sur le rivage de quelques-unes de ces rivières. Nous interrogeâmes ensuite plusieurs autres, tant Kalkas que Moscovites, et ceux qui paraissaient le mieux instruits, s'accordaient assez avec tout ce que nous avait dit le jeune homme, dont voici les principales particularités. 1° L'habitation que les Moscovites ont sur le bord oriental de la rivière de Selengha, à trois cent quarante lys du lieu où nous étions, où se fait la jonction de l'Orgon avec le Toula, est un petit bourg, qui contient environ quatre cents familles, tant de Moscovites que de gens du pays qui se sont donnés à eux, non comme esclaves, mais comme amis ; ils vivent à leur manière, et ils ont pris même leur habillement ; il y en a parmi eux qui sont à la paye des czars, et qui sont en garnison. Ce bourg est un petit carré, fermé d'une forte palissade terrassée, qui a deux lys de longueur, et deux de largeur ; la rivière de Selengha prend sa source d'une haute montagne nommée Tannu. La rivière d'Orgon se jette dans celle de Selengha, qui est beaucoup plus grande, à cent quarante lys de l'endroit qui porte ce nom ; et celle de Selengha se va décharger dans le grand lac de Paykal. 2° Les montagnes les plus célèbres sont, la montagne d'Altaï, celle de Trangha, celle de Cocoye, et celle de Kentey. Cette dernière n'est qu'à cinq journées du lieu où nous étions, et c'est de cette montagne que les rivières de Toula et de Kerlon prennent leur source ; celle-ci du nord-est de la montagne, et celle-là au sud-ouest. Elles reçoivent plusieurs petits ruisseaux qui coulent des montagnes entre lesquelles elles coulent, surtout celle de Toula, qui a son cours dans un pays de montagnes.